Le poste de police est vide. L’école primaire et la secondaire sont fermées depuis plus de deux ans. Ici, seul est ouvert l’internat rural indigène Vasco de Quiroga, dont s’occupe gratuitement un groupe de religieuses. Sur la partie arrière de l’internat demeure un taxi démantibulé, à présent sans roues. Son pare-brise avant présente onze impacts de balles, celui de l’arrière est en pièces. Sur ses portières, il y a un logo bleu avec le sigle « Ubisort » (Unité pour le bien-être social de la région triqui), l’un des trois groupes politiques qui se disputent le contrôle de la région depuis une demi-décennie. La voiture a servi de corbillard à sa victime, monsieur Roberto García, membre de la scission de l’Ubisort qui participerait à la cérémonie de présentation publique de la Commune autonome de San Juan Copala, réalisée en ce lieu le 20 janvier 2007. On lui a tendu l’embuscade la veille.
Copala a l’air d’un village fantôme. Dans cette petite communauté triqui enclavée dans la montagne mixtèque, à six heures de voiture de la ville d’Oaxaca, près de la moitié de ses deux cents demeures sont vides. (...)