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Oaxaca

Copala, un an d’impunité

mercredi 20 avril 2011, par VOCAL

Le 27 avril 2011, cela fera un an qu’était prise sous le feu d’une embuscade la caravane venue apporter un soutien humanitaire aux hommes, femmes et enfants de la commune autonome de San Juan Copala qui se trouvait alors assiégée depuis plusieurs mois par le groupe paramilitaire Ubisort. Durant cette attaque paramilitaire furent assassinés les compagnons Bety Cariño, de l’organisation CACTUS, et Jyri Antero Jaakkola, collaborateur du collectif d’Oaxaca VOCAL et membre du collectif finlandais El Barco Stelle et Isi Tulli ; furent blessés par balles les compagnons Mónica Citlali Santiago et Noé Bautista de VOCAL, ainsi que le reporter de la revue Contralinea David Cilia, et quelques compagnons se retrouvèrent portés disparus durant près de deux jours dans les montagnes de la région, essayant d’échapper aux balles des priistes de l’Ubisort. Bien que cette attaque paramilitaire ait attiré l’attention de l’opinion publique mexicaine et d’une bonne partie du monde, provoquant des protestations immédiates contre le gouvernement mexicain d’hommes et de femmes conscients du monde entier, exigeant son intervention afin de stopper la violence exercée contre la commune autonome de San Juan Copala, le gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz en conspiration avec le gouvernement fédéral de Felipe Calderón maintinrent inchangée leur posture de complicité totale avec le groupe paramilitaire priiste de l’Ubisort qu’ils entretenaient, entretenant une guerre d’extermination contre les indigènes triquis de la région luttant pour l’autonomie de leurs communautés au sein du projet de commune autonome de San Juan Copala.

Malgré l’évidence énorme de la violence paramilitaire dans la région représentée par cette attaque dont des photographies témoignent, les gouvernements fédéraux et de l’État nièrent toujours leur existence, insistant hypocritement sur le fait qu’une guerre se livrait dans la région entre les trois camps égaux des organisations Ubisort, MULT et MULTI, tous violents et armés ; bien que précisément le projet d’autonomie de San Juan Copala lance un appel à laisser de côté les différences entre indigènes triquis maintenues par les organisations traditionnelles depuis des décennies dans cette région indigène. C’est précisément la recherche de l’unité de tous les Triquis autour d’un projet d’autonomie qui motive la création et le maintien de groupes paramilitaires appuyés par le gouvernement dans la région, empêchant par les armes la recherche de l’unité, de l’autonomie et de la paix avec justice au sein du peuple triqui. Sous la logique du diviser pour mieux régner depuis lors et jusqu’à aujourd’hui le gouvernement d’Oaxaca, aujourd’hui sous la gestion de Gabino Cue, a cherché à saper cette lutte pour l’unité et l’autonomie en tentant de transférer leurs demandes sur le terrain de pures revendications économiques, sans toucher ne serait-ce que superficiellement au problème de l’existence de ces groupes paramilitaires et à la condamnation nécessaire des responsables des multiples assassinats dans cette région, en particulier les dirigeants du groupe paramilitaire priiste Ubisort Rufino Juarez et Antonio « Toño Pajaro ».

Nous savons que le gouvernement de Gabino Cué n’a pas tout le pouvoir de décision sur la politique en cours contre la commune autonome de San Juan Copala puisque la décision de combattre les tentatives d’autonomie des peuples indigènes du Mexique par la voie des armes et l’existence de groupes paramilitaires est dictée depuis les cercles les plus élevés du pouvoir transnational à Washington, et exercé au pied de la lettre par leurs laquais militaires au sein des troupes de l’armée mexicaine, dans une claire logique de contre-insurrection contre les peuples indigènes du Mexique. Néanmoins cette claudication même rend le gouvernement de Gabino Cué responsable et complice de toute la violence et l’impunité qu’aujourd’hui, à un an de cette agression paramilitaire, les hommes, femmes et enfants triquis ayant pris la décision de lutter pour leur autonomie continuent de souffrir, eux qui ne peuvent toujours pas même revenir dans leurs communautés desquelles ils furent chassés par le groupe paramilitaire priiste de l’Ubisort.

Nous faisons un appel à la mémoire, car face au silence criminel des puissants c’est seulement la mémoire des pauvres et modestes de ce monde qui peut maintenir vivante la vérité et la possibilité d’obtenir la justice. Nous faisons un appel sincère et urgent à ce que le mouvement social d’Oaxaca, du Mexique et du monde unisse sa voix à la nôtre le 27 avril prochain, quel que soit le lieu où vous êtes, afin de dire marre ! de l’impunité, condamnation des responsables de la violence paramilitaire à Copala et retour immédiat et sans conditions des indigènes triquis chassés de leurs foyers à San Juan Copala et aux autres villages de la région.

À tous les hommes et femmes conscients et amoureux de la justice qui se trouvent à Oaxaca ou qui peuvent se déplacer jusque dans notre État, nous vous appelons fraternellement à participer à la marche qui aura lieu le 27 avril 2011 à 10 heures du matin depuis le marché aux fleurs jusqu’à la place centrale de la ville de Oaxaca, ainsi qu’à la journée de dénonciation qui commencera à une heure de l’après-midi sur cette même place de la ville d’Oaxaca.

L’impunité tue autant que les balles !
Justice pour Copala !
Justice pour Bety Cariño !
Justice pour Jyri Antero Jaakola !
Liberté, justice, paix, dignité !

Fraternellement et avec combativité

Commune autonome de San Juan Copala
Voix d’Oaxaca construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL)
Coordination contre l’impunité et la répression

Oaxaca de Magón, ville de la résistance, avril 2011.

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