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Chiapas

Les communes autonomes en résistance

lundi 31 décembre 2001

Depuis les montagnes du Nord-Est parisien

Dans les montagnes du Sud-Est mexicain, au Chiapas, un tiers de l’armée mexicaine continue d’occuper les zones insurgées, la « guerre de basse intensité » n’a pas cessé. Les communes autonomes zapatistes (on en compte une quarantaine, regroupant chacune des dizaines de communautés) restent en résistance et dénoncent régulièrement le harcèlement et la pression militaire ou paramilitaire. C’était encore le cas, le 17 octobre 2001, de la Commune Ricardo Flores Magon, qui termine son communiqué par ces mots : « Sœurs et frères, (l’accroissement des vols rasants et des patrouilles terrestres) continue d’être la menace et la réalité quotidienne dans laquelle vivent nos villages et communautés indigènes, pour le simple fait de lutter pour une vie digne et de nous maintenir fermes, plus organisés et forts dans la progression de notre autonomie comme peuple indigène. »

Au Chiapas, les coordinations régionales de la société civile en résistance, en majorité indiennes et proches des insurgés de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), bloquaient, le 12 octobre, sept routes : pour la légalisation des terres et propriétés récupérées ; pour la libération des prisonniers ; contre la militarisation ; contre le paiement de l’énergie électrique (une grande partie de celle qui alimente le Mexique est produite au Chiapas) jusqu’à obtenir l’électrification des communautés qui en sont privées ; en refus total de la « loi indigène » et du Plan Puebla-Panamá ; pour l’arrêt des bombardements contre les peuples d’Afghanistan.

Le 29 avril 2001, après le vote, par le Congrès mexicain, d’une « loi indigène » réduisant à quelques mots creux l’autonomie attendue par les peuples indiens du Mexique, l’EZLN a rompu tout contact avec le pouvoir mexicain.

L’année 2001 avait pourtant commencé dans l’espoir. Les zapatistes ont répondu positivement aux propositions du nouveau régime (après soixante et onze ans de règne d’un parti-État, dit « révolutionnaire institutionnel ») et posé trois conditions pour reprendre le chemin du dialogue : libération des prisonniers zapatistes, démantèlement de sept positions militaires au Chiapas et vote de la loi issue des accords signés en 1996 (droits et culture indigènes). Pour appuyer ces demandes, ils ont organisé, du 24 février au 11 mars, la Marche de la dignité indienne (douze États du Mexique traversés, 3 000 kilomètres parcourus en caravane), une immense mobilisation indigène et populaire, une arrivée triomphale à Mexico. Les prisonniers (une centaine) ont presque tous été libérés (il en reste cependant une dizaine), les sept positions militaires (sur plus de 250) ont finalement été démantelées (certaines positions militaires ayant seulement été déplacées de quelques kilomètres), la délégation rebelle (en l’absence remarquée du sous-commandant Marcos) a été écoutée par le Parlement mexicain en séance plénière, écoutée mais pas entendue... Le Congrès national indigène et l’EZLN ne l’acceptent pas et appellent « à s’organiser et à maintenir toutes formes de résistance civile sur tout le territoire national ».

Le pouvoir fait la sourde oreille, trop heureux du soutien et de la reconnaissance de l’Union européenne, qui lui a décerné un « brevet démocratique » et a tancé l’intransigeance des rebelles (le commerce et l’économie avant tout, le Mexique s’est lié à l’Europe des Quinze par un accord de libre-échange, défendu en mai 1999 devant le Parlement français par le député PCF Jean-Claude Lefort). Le nouveau chef d’État mexicain vient de démarcher en Allemagne, France, Espagne, Italie, cherchant des investissements et un soutien à son plan économique, dit « Puebla-Panamá », de développement et d’extension, du sud du Mexique à l’Amérique centrale, d’une zone de maquiladoras (usines de sous-traitance et de surexploitation, textile, assemblage...). Il peut, à son retour au Mexique, se vanter d’y avoir reçu « un appui total » des gouvernements européens.

À Paris aussi, la société civile résiste et s’organise, contre la guerre et pour les luttes d’émancipation des peuples. Dans le Nord-Est parisien, le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte continue ses activités (depuis bientôt sept ans) et se réunit les mercredis (à partir de 20 h 30) au 33, rue des Vignoles (75020). Ses assemblées sont ouvertes.

¡La lucha sigue !

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