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Petite histoire du zapatisme

juin 2001, par Emiliana

"Somos la dignidad rebelde,
el corazón olvidado de la patria"

De retour du Chiapas, j’ai été assaillie de questions sur le conflit entre les zapatistes et le gouvernement mexicain, conflit qui a éclaté au grand jour le 1er janvier 1994, lorsque l’Armée zapatiste de libération nationale a occupé plusieurs villes du Chiapas, dont San Cristóbal de las Casas. Je chercherai donc dans ce document à répondre à toutes ces questions, et à montrer que la lutte zapatiste est une lutte entièrement légitime, trop souvent déformée par les médias.

C’est avant tout une lutte de paysans, qui, depuis trop longtemps, ont été privés des terres qui leur appartenaient avant l’arrivée des Espagnols. Mais c’est également une lutte pour être reconnus constitutionnellement au sein de leur propre pays. Enfin, il est important de souligner que, contrairement aux revendications traditionnelles des guérillas latino-américaines, l’objectif de cette lutte n’est pas la prise du pouvoir.

Je clarifierai certains concepts qui pour certains paraîtront évidents, mais qui pour d’autres le sont beaucoup moins...

Commençons donc par le tout début...

Le Mexique est une république fédérale comprenant 32 États. Le Chiapas est l’un des États les plus pauvres, situé dans le sud du pays, à la frontière avec le Guatemala. C’est également un des États ayant la plus forte proportion de population indigène (sont indigènes ceux dont la langue maternelle n’est pas l’espagnol).

On estime en effet que la population indigène représente un peu plus de 10 % de la population mexicaine, soit plus de dix millions de personnes. On recense 62 langues indigènes au Mexique, dont les plus connues sont le nahuatl (la langue des Aztèques), le maya, le zapotèque... Au Chiapas, les langues indigènes les plus parlées sont le tzotzil, le tzeltal, le tojolabal et le chol.

Les indigènes vivent la plupart du temps dans des villages appelés communautés (comunidades) en raison du système d’organisation sociale. Les communautés dépendent administrativement d’un municipio, mais, l’autorité administrative étant éloignée, les indigènes s’y organisent collectivement en autogestion. Les habitants d’une communauté consacrent une partie de leur temps de travail à des travaux bénéficiant à l’ensemble de la communauté (construire une école, améliorer un chemin...). L’organisation politique est une sorte de démocratie participative imparfaite : les hommes se réunissent en assemblée communautaire de façon régulière et prennent ensemble toutes les décisions qui concernent le village et ses membres. Les femmes sont malheureusement le plus souvent exclues de ces assemblées.

I. La vie dans les communautés : autour du maïs...

Tout d’abord, je précise que ce qui suit concerne essentiellement les communautés du Chiapas, qui comptent parmi les plus démunies du Mexique. De plus, les conditions sont extrêmement différentes d’une communauté à l’autre, en fonction de l’isolement et de l’histoire de chacune.

Les Indiens ne bénéficient d’aucun service public : pas d’éducation, pas de système de santé, pas d’infrastructures, souvent pas d’électricité...

Depuis le début du conflit, le gouvernement a cependant dû développer des infrastructures... pour le bien-être des militaires et pour permettre l’accès de ceux-ci dans des zones enclavées qui sont des zones zapatistes. Ainsi, l’électricité a été installée dans certaines des cañadas, et dans une grande partie des Altos pour alimenter les camps militaires. Les communautés zapatistes se connectent donc sur les câbles, mais ne payent pas la facture, bien évidemment. De la même façon, une route a été construite en 1994, longeant la frontière guatémaltèque de Palenque aux lacs de Montebello, permettant un accès considérablement plus rapide à la région de La Realidad, le quartier général de l’EZLN. Enfin, en ce qui concerne l’éducation nationale, elle est extrêmement médiocre dans les régions indiennes, tant au niveau quantitatif que qualitatif. C’est pourquoi, depuis 1994, les zapatistes refusent l’éducation nationale, et mettent en place leur propre système d’éducation.

Les indigènes sont donc totalement isolés du reste du pays, et vivent pratiquement en autarcie. Normalement (ce n’est malheureusement pas toujours le cas, du fait du manque de terre), chaque famille possède un terrain appelé la milpa. Dans cette milpa, les hommes sèment essentiellement du maïs et des frijoles (haricots noirs). L’essentiel de leur travail consiste en l’entretien de ce terrain. C’est un travail très éprouvant physiquement, étant donné que les méthodes de travail sont extrêmement rudimentaires : la machette est pratiquement le seul outil qu’ils utilisent.

Les femmes, quant à elles, sont chargées du foyer : s’occuper des nombreux enfants et préparer les tortillas (galettes de maïs) pour toute la famille. Chaque jour, la femme doit égrener le maïs, le faire cuire, le moudre par deux fois (à la main bien entendu) afin d’obtenir la masa (pâte) et préparer presque une centaine de tortillas. Le plus souvent, la femme est aidée par ses filles ou ses brus. La tortilla est la base de l’alimentation (le fait que les Indiens soient des « hommes de maïs » n’est pas qu’une légende) et, s’il n’y a plus de frijoles, il faut se contenter de quelques tortillas accompagnées de sel. D’où quelques problèmes de malnutrition...

En fonction des régions, les indigènes produisent également du café, que les coyotes (les Indiens surnomment ainsi les acheteurs de café) leur achètent à des prix dérisoires (cette année, environ 5 francs le kilo), et diverses cultures (bananiers, cacao...).

Si les communautés vivent presque en autarcie, elles entretiennent tout de même des relations commerciales avec les villes, malgré la piètre qualité des infrastructures. Les Indiens vont vendre quelques produits agricoles sur les marchés (éventuel surplus de maïs, bois, ocote, artisanat...) et, le cas échéant, leur force de travail. Ils achètent en ville les produits que l’on retrouve ensuite dans les tiendas comunitarias (boutiques communautaires), à savoir des bougies, de l’huile, des pâtes, du riz... et, malheureusement, du Coca-Cola.

II. Les Indiens, opprimés depuis cinq cents ans

Tout d’abord, un peu d’histoire...

Depuis la conquête espagnole, il y a presque cinq cents ans (Cortés débarque dans le golfe du Mexique en 1519), les droits des Indiens ont toujours été bafoués.

Ils se sont tout d’abord fait massacrer, exploiter, réduire en esclavage par les conquérants. L’évangélisation, souvent brutale, s’accompagna de la destruction des civilisations indiennes et de la lutte contre les religions traditionnelles. En 1650, la population indienne était réduite à 1 500 000 personnes.

La guerre d’indépendance (1810 à 1821) est menée par les créoles et ne profite guère aux populations indigènes. Le XIXe siècle est celui de la perte d’une grande partie du territoire mexicain au profit des États-Unis, puis de la victoire des libéraux (avec Benito Juárez) et de l’échec cuisant de la tentative d’invasion organisée par Napoléon III (tiens, on n’en parle pas dans les livres d’histoire...).

La dictature de Porfirio Díaz (1876 à 1911) développe l’économie au prix d’une politique d’injustice sociale et d’exploitation de la paysannerie indienne.

Puis vient la Révolution (1910 à 1921) et le fameux Emiliano Zapata. Zapata était un agriculteur métis, assez aisé et libre, maire de son village dans l’État du Morelos, au sud de Mexico. Il prônait la restitution de la terre à ses anciens possesseurs. Rendu maître du sud du pays, il fut assassiné sur ordre du président Carranza.

Mais la révolution mexicaine est inachevée : les tentatives de réformes agraires échouèrent et l’ère du PRI commence...

Le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) se maintint au pouvoir pendant 71 ans (de 1929 à 2000) grâce à un système de corruption généralisée et de fraudes électorales. Le Chiapas est un État où l’emprise du PRI était particulièrement lourde, avec ce qu’on appelle le caciquisme, le pouvoir des potentats locaux.

Le président Salinas de Gortari, au pouvoir de 1988 à 1994, réforme l’article 27 de la Constitution afin de mettre fin à la réforme agraire et de moderniser l’agriculture. Cette réforme met un terme à la répartition des terres, et autorise la vente des ejidos [1], jusqu’alors inaliénables.

Salinas détruit également les deux mécanismes qui permettaient de soutenir le prix du café, plongeant dans une détresse encore plus grande de très nombreuses familles indigènes dont la seule source de revenu est la culture du café.

Le PRI est pour la première fois vaincu lors des élections du 2 juillet 2000. L’heureux élu est M. Vicente Fox, membre d’un parti libéral de droite, le PAN (Parti d’action nationale). Fox était auparavant directeur du marketing de Coca-Cola pour l’Amérique centrale. D’où le fait qu’il ait bien réussi sa campagne... de publicité. Cependant, au résultat de ces élections, on ne pouvait qu’être partagé entre la joie de voir la fin de l’ère priiste, et l’inquiétude face à la future politique de M. Fox (libéraliser... jusqu’aux pyramides, se faire l’ambassadeur des États-Unis en Amérique latine...).

Voilà donc un trop bref résumé de l’histoire mexicaine. Au cours de cette histoire, les Indiens ont toujours été les oubliés, les exploités, en particulier à travers le système des fincas. Les fincas sont de grandes propriétés agricoles, consacrées en général à l’élevage bovin ou à la culture des produits d’exportation (café, bananes, etc.), et dans lesquelles les Indiens travaillaient en semi-esclavage. Ils vivaient près de la maison des patrons, les femmes et les enfants travaillant comme serviteurs et les hommes comme ouvriers agricoles. Le plus souvent, les Indiens n’étaient pas payés en argent, mais en jetons de couleur, qui n’étaient valables que dans la boutique du patron... dans laquelle on vendait essentiellement de l’alcool.

Beaucoup de propriétaires terriens du Chiapas ont fui la nuit du 1er janvier 1994. Depuis, les occupations de terres se sont multipliées, de nouvelles communautés se sont créées sur ces terres, qui sont d’ailleurs bien souvent les plus fertiles.

III. L’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale)

La question de la terre est particulièrement aiguë au Chiapas. Tout d’abord, le Chiapas est une région stratégique : presque la moitié du potentiel hydroélectrique exploité du pays ainsi que d’importantes ressources pétrolières, forestières et agricoles y sont concentrées.

Lors de la répartition des terres mise en place par le président Lazaro Cardenas (1934 à 1940), les Indiens, comme on pouvait s’y attendre, ne reçurent pas les plus fertiles et, trente ans plus tard, on les envoya coloniser la forêt Lacandone pour ne pas affecter les terres productives des zones plus accessibles. Plus de 100 000 personnes s’installèrent dans la forêt Lacandone à partir des années 60. C’est sur ces terres récemment défrichées que la guérilla s’est développée.

Les Indiens du Chiapas ont commencé à s’organiser dans le but d’un soulèvement au début des années 80. Pendant dix ans, ils ont développé la communication entre les communautés, se sont entraînés dans les montagnes, ont construit des bases militaires...

La plupart des zapatistes appartenaient auparavant à des organisations paysannes, qui ont fait leur apparition au Chiapas dans les années 70.

Et Marcos ???

La figure emblématique de l’EZLN est bien entendu le sous-commandant insurgé Marcos. D’après le gouvernement, sous le passe-montagne se cacherait Rafael Sebastián Guillén Vicente, né le 10 juillet 1957 à Tampico, Tamaulipas. Diplômé de la faculté de philosophie et de lettres de l’UNAM, il enseigne jusqu’en 1984 et disparaît soudainement de la circulation. Marcos, grâce à sa prose éblouissante et à son excellente utilisation des médias et des symboles, a su donner une voix aux Indiens du Chiapas.

Le 1er janvier 1994

L’offensive armée contre le gouvernement fédéral commence le 1er janvier 1994, date symbolique de l’entrée en vigueur de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain, qui regroupe les États-Unis, le Canada et le Mexique). Pendant la nuit du réveillon, les zapatistes entrent dans cinq villes du Chiapas : San Cristóbal de las Casas, Las Margaritas, Ocosingo, Altamirano. Les combats dureront douze jours, jusqu’à ce que le gouvernement déclare le cessez-le-feu, le 12 janvier 1994. Le combat le plus violent fut celui d’Ocosingo. Selon les sources, les affrontements firent de 100 à 500 morts.

Les revendications de l’EZLN

La principale revendication des Indiens est bien entendu le droit à la terre. Mais à cette vieille revendication de « Tierra y Libertad » viennent se greffer des demandes « modernes » : davantage de démocratie locale, de respect humain (et de reconnaissance d’une culture indienne spécifique) et tous les services que les citoyens d’aujourd’hui sont en droit d’exiger d’une société développée en termes d’infrastructures, de santé, d’enseignement, de travail.

L’organisation des zapatistes

Les insurgés : ce sont les membres de l’armée zapatiste, qui vivent clandestinement hors des communautés.

Les miliciens : ce sont des zapatistes qui vivent dans leur communauté, mais qui, en cas de nécessité, rejoignent les rangs de l’EZLN. Ils sont entraînés, mais la plupart du temps ne possèdent pas d’arme.

Dans ses meilleurs moments, l’EZLN a pu mobiliser près de 5 000 personnes, pour la plupart armées de fusils de chasse ou de simples machettes.

Les bases de apoyo (bases de soutien). Ce sont les femmes, hommes et enfants zapatistes qui vivent dans les communautés autonomes. Ils fournissent de la nourriture aux insurgés, participent aux manifestations organisées par l’EZLN... Et surtout, ils refusent tout ce qui provient du « mauvais gouvernement » (très souvent, pour parler du gouvernement, les Indiens utilisent l’expression mal gobierno). Les communautés autonomes ne reconnaissent pas l’autorité du président municipal.

Les Aguascalientes

Il y a au Chiapas cinq Aguascalientes (nom de la ville où, en 1914, les révolutionnaires mexicains, dont Emiliano Zapata, ont ratifié un plan de redistribution des terres) : Oventic, La Realidad, Roberto Barrios, Morelia et La Garrucha. Ce sont des espaces de rencontre entre les zapatistes et la « société civile ». Généralement, on y trouve un petit centre de documentation, une école, une clinique et un lieu de rassemblement. C’est en effet dans les Aguascalientes qu’ont lieu les grandes rencontres organisées par l’EZLN, comme la Convention nationale démocratique du 8 août 1994 à laquelle assistèrent environ 6 000 personnes, ou la « Première Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme » du 27 juillet au 3 août 1996.

Pourquoi les passe-montagnes ?

Très souvent, les personnes qui regardent les photos prises pendant la marche et dans les communautés me demandent pourquoi les gens se couvrent le visage d’un passe-montagne ou d’un paliacate (foulard rouge traditionnel). Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, par mesure de sécurité, pour protéger leur identité (les zapatistes ont quand même déclaré la guerre au gouvernement). Il y a également une raison symbolique : les Indiens sont les sin rostros, ceux dont on n’a jamais voulu voir le visage.

Le passe-montagne est enfin un « miroir tendu aux Mexicains » : « Alors qu’il n’était au départ qu’utilitaire, le passe-montagne a acquis la fonction de masque, celle d’occulter l’identité personnelle et de donner naissance à une figure à laquelle les déshérités, et, au-delà, tous les Mexicains et tous les hommes épris de justice, quelles que soient leurs différences, puissent s’identifier. N’importe quel Mexicain peut enfiler le passe-montagne et devenir Marcos, devenir qui je suis [2]. »

Les femmes et le zapatisme

D’après Élisabeth Stutz, Irma, femme du Chiapas, entre révolte zapatiste et vie quotidienne.

« La femme indigène souffre d’une triple oppression, pour être femme, indienne et pauvre (phrase omniprésente dans les déclarations officielles). En ville, elles sont méprisées et, dans leur village, écartées du monde social et rendues muettes par les hommes de la famille. Le mouvement zapatiste n’avait d’autre choix que de s’unir à la cause des femmes et vice versa. Les premières revendications zapatistes incluaient déjà la question féminine. Très vite, on apprenait l’existence d’une loi révolutionnaire des femmes zapatistes, qui représentent environ un tiers de l’EZLN. (...) N’ayant rien à perdre sinon la médiocrité de leur vie communautaire, elles s’étaient vouées à la lutte armée. Or, dans leur vie clandestine de combattante, elles avaient au moins acquis les mêmes droits que les hommes. Dans les communautés, même zapatistes, on ne pouvait en dire autant... »

IV. La stratégie du gouvernement depuis sept ans :
la guerre de basse intensité

D’après un document du Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de las Casas

La stratégie de guerre de basse intensité (GBI) naît à partir de la défaite des États-Unis au Vietnam (1962-1973). On se souvient de la phrase de Mao : « Le guérillero au sein du peuple est comme un poisson dans l’eau. » Si l’on n’arrive pas à en finir avec les guérilleros, il faut assécher le lac, c’est-à-dire détruire la cohésion sociale. Le but est de diviser et d’affaiblir le support social et politique du groupe armé ou de n’importe quelle organisation qui s’oppose au parti d’État, le PRI.

C’est une stratégie contre-insurrectionnelle qui combine des moyens politiques, militaires, économiques, sociaux et culturels. La GBI va jusqu’à incorporer la lutte religieuse, en divisant l’Église, infiltrant de nouvelles sectes. C’est une guerre totale, qui tend à conquérir l’esprit et le cœur. La population indigène du Chiapas qui vit dans la zone de conflit décrit cette guerre de basse intensité comme un plan qui « veut tuer notre espérance et en finir avec notre force de lutte ».

Il s’agit donc de détruire le tissu social, en affaiblissant la population, tant au niveau physique (la faim) que psychologique (la peur), et en la divisant. Dans une même famille, on peut en effet trouver des zapatistes, des priistes, des militaires, des paramilitaires...

Pour mener à bien cette guerre de basse intensité, les gouvernements successifs de Salinas (1988 à 1994) et Zedillo (1994 à 2000) ont organisé un quadrillage militaire systématique de la région. Le Chiapas est aujourd’hui une base militaire géante : on y recense 259 camps, ce qui représente environ un tiers des effectifs militaires mexicains.

Pour aller à leur milpa, les Indiens doivent passer quotidiennement plusieurs barrages, ils sont questionnés, pris en photos, menacés... Certains de ces barrages ont été déplacés ou supprimés par ordre du président Fox lors de sa prise de fonction, mais on assiste depuis le vote de la nouvelle loi à une remilitarisation (voir plus bas).

Le 9 février 1995

Un peu plus d’un an après le début du conflit, l’armée mexicaine entre dans la zone zapatiste. Les militaires entrent dans les villages, détruisent les maisons, le peu de meubles et d’ustensiles que celles-ci renferment, libèrent les animaux... Heureusement, les Indiens des communautés autonomes zapatistes ont été prévenus quelques heures auparavant et se sont réfugiés dans les montagnes. Ils ont fui de leurs villages en courant, emportant avec eux ce qu’ils pouvaient, essentiellement du maïs. Il faut courir, les femmes doivent porter les enfants, certaines sont enceintes. Ils resteront environ un mois cachés dans les montagnes. Ils n’ont presque rien à manger, les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Beaucoup descendront des montagnes bien malades... Un mois plus tard, les Indiens reviennent dans leurs villages et contemplent l’étendue du désastre. Ils ont perdu le peu qu’ils possédaient et les militaires se sont installés à quelques minutes de leurs communautés.

Les paramilitaires

Qu’est-ce qu’un paramilitaire et comment en arriver là ?

Les paramilitaires sont des « groupes civils armés » qui, comme des militaires, suivent des entraînements, et poursuivent le même but : lutter contre les sympathisants de l’EZLN. Ils sont armés et payés par les gouvernements municipaux priistes.

Les paramilitaires sont la plupart du temps de jeunes indigènes, pauvres, peu éduqués, consommateurs de drogues et d’alcool, sans terre ni travail, et qui ne peuvent donc pas participer aux assemblées communales.

Ils sont des victimes faciles pour le gouvernement, qui les rassemble, les convainc et leur offre de l’argent. Du jour au lendemain, des jeunes qui ne possèdent rien et qui n’ont aucun espoir d’ascension sociale obtiennent donc un statut, de l’argent et du pouvoir, celui des armes.

Les paramilitaires sont encore plus dangereux que les militaires, puisque, en cas de débordement de la violence, le gouvernement n’est pas directement mis en cause (cf. massacre d’Acteal).

Les déplacés

Il y a encore plus 12 000 déplacés au Chiapas actuellement (et ce chiffre a déjà atteint les 20 000). Tous sont des Indiens sympathisants zapatistes qui ont fui de leur communauté de peur des militaires et des paramilitaires. Certains après le 9 février 1995, d’autres après le massacre d’Acteal. Ils ont tout perdu (maison, animaux, milpa, éventuelles plantations de café...) et vivent de la solidarité.

Le massacre d’Acteal

Acteal est une communauté située dans les Altos du Chiapas, zone tzotzil.

Le 22 décembre 1997, des membres d’un groupe paramilitaire entrent dans le village et tuent de sang-froid 45 femmes et enfants qui étaient rassemblés dans l’église, où ils observaient un jeûne pour réclamer la paix. Plusieurs de ces femmes étaient enceintes. Les paramilitaires sanguinaires vont jusqu’à ouvrir le ventre de l’une d’elles et en sortir le f ?tus.

Les responsables de ce massacre sont parfaitement identifiés, ainsi que le mandataire, qui n’est autre que le président municipal priiste de Chenalhó. Et pourtant certains sont encore libres....

Les 45 victimes de ce massacre étaient membres d’une organisation civile appelée las Abejas (les abeilles), fondée en 1992 à la suite de l’arrestation abusive de plusieurs paysans de la municipalité de Chenalhó. C’est une organisation catholique qui a les mêmes revendications que l’EZLN mais qui refuse de prendre les armes.

En envoyant les paramilitaires tuer des civils innocents, le gouvernement envoyait un message : « Si vous essayez de vous organiser, voilà comment nous répondrons à vos revendications. »

Aujourd’hui, les Abejas continuent à lutter pour que justice soit faite et que les paramilitaires qui courent toujours soient enfin punis...

V. Chiapas 2000-2001 : des espoirs déçus

La défaite du PRI aux dernières élections présidentielles a ouvert de nouveaux espoirs. Le 1er décembre, Fox entre en fonction. Sûr de lui, il annonce qu’il résoudra le problème du Chiapas « en un quart d’heure ». Le 2 décembre, dans un communiqué de presse, l’EZLN pose trois conditions à la reprise du dialogue de paix avec le gouvernement et annonce qu’une délégation se rendra à la capitale pour aller défendre la loi de la COCOPA (Commission de concorde et de pacification, entité parlementaire créée en mars 1995). Ce projet de loi était le fruit de longues négociations entre l’EZLN et le gouvernement mexicain, qui avaient abouti le 16 février 1996 à la signature des Accords de San Andrés. Ces accords n’ont jamais été appliqués par le gouvernement de Zedillo.

Les trois conditions posées par l’EZLN pour la reprise du dialogue avec le gouvernement

Dans le communiqué du 2 décembre 2000, le sous-commandant Marcos demande au gouvernement fédéral « des signaux concrets qui accréditent sa disposition au dialogue et à la négociation » :

1. L’accomplissement des Accords de San Andrés ; concrètement, la transformation en loi de l’initiative élaborée par la COCOPA.

2. La libération de tous les zapatistes prisonniers.

3. Le retrait de l’armée fédérale de 7 des 259 positions qu’elle occupe au Chiapas au 1er décembre 2000 (7 positions situées près des Aguascalientes).

Aujourd’hui, seule la troisième de ces conditions a été remplie, et encore... les militaires ont parfois été déplacés de quelques centaines de mètres.

D’une centaine de prisonniers politiques zapatistes, il en reste une dizaine, dont la libération ne dépend pas du gouvernement fédéral.

En ce qui concerne la loi, c’est une version vidée de son contenu qui a été votée par le Parlement (voir plus bas).

La marche zapatiste, du 24 février au 11 mars 2001

(Aussi appelée « Marche de la dignité indigène » et « Marche de la couleur de la terre »).

Pendant les quinze jours et au long des 3 000 kilomètres de cette « marche » qui, rassurez-vous, était une « marche » en car, 23 commandants de l’EZLN et le sous-commandant Marcos ont parcouru 12 États du Mexique, pour venir défendre devant le Parlement une loi en faveur de la reconnaissance de la culture et des droits indigènes.

Cette marche est également symbolique puisqu’elle rappelle celle effectuée en 1914 par Emiliano Zapata. Celui-ci entre à Mexico par le sud, en même temps que Pancho Villa qui arrive du nord.

Une des étapes importantes de la marche zapatiste fut la participation au 3e Congrès national indigène à Nurio, Michoacan, du 2 au 4 mars. Le 3e CNI, auquel participaient 5 000 délégués de 42 ethnies indiennes, a apporté son entier soutien au mouvement zapatiste.

Après son arrivée à Mexico, la délégation a attendu d’être reçue au Parlement. Cela a suscité de nombreuses polémiques entre les parlementaires et dans les médias. Au bout de deux semaines, les zapatistes annoncent qu’ils repartent dans leurs communautés, puisque les hommes politiques refusent d’écouter leur message. Finalement, le Parlement les invite à parler à la tribune du Congrès de l’Union, le 28 mars 2001. Contrairement aux attentes, ce n’est pas Marcos qui se présente à la tribune ce jour-là, mais une délégation exclusivement indienne. C’est la commandante Esther qui prononcera le discours principal, employant des paroles simples mais fortes.

La loi votée par le Parlement, et pourquoi elle est inacceptable

La loi votée par le Parlement le 28 avril trahit les accords de paix de San Andrés signés en 1996 entre l’EZLN et le gouvernement : « Il ne reste rien de concret de l’autonomie, des droits, de la culture, des ressources et des territoires des peuples indiens. »

Dès le vote du Sénat, le Congrès national indigène a dénoncé le fait que « bien que le projet de loi indigène approuvé par le Sénat établisse l’autonomie des peuples, il ne définit pas les mécanismes à travers lesquels elle va s’exercer. La loi du Sénat ne reconnaît pas le territoire des communautés et les indigènes ne sont pas reconnus comme sujets de droit public ». Le texte du Sénat n’accorde aux communautés qu’une reconnaissance associative ou coopérative. Le concept de territoire indigène disparaît et l’espace où l’autonomie pourra s’exercer est réduit au minimum. En outre, la décision d’établir les caractéristiques de libre détermination et d’autonomie est renvoyée aux États fédérés.

Ni les membres de la COCOPA ni les représentants des organisations indigènes n’ont été consultés sur les modifications radicales apportées à la loi. Même l’INI (Institut national indigéniste, qui dépend du gouvernement) et la conseillère de Vicente Fox aux affaires indigènes affirment que cette loi est insuffisante.

De plus, la loi adoptée entre en contradiction avec la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les peuples indiens, tribaux dans les pays indépendants (pourtant ratifiée par le gouvernement mexicain), qui reconnaît le droit des peuples indigènes à assumer le contrôle de leurs propres institutions, à décider de leurs règles de vie et de développement économique et à défendre et conserver leurs identité, langues, territoires et ressources naturelles dans le cadre de l’État où ils vivent.

Le président Fox s’est cependant aussitôt félicité du vote de cette loi et a déclaré, enthousiaste, que le conflit armé est désormais terminé et que l’allégresse emplit le cœur de chacun des Indiens du Mexique. Cela pour duper l’opinion nationale et internationale, et afin de pouvoir rejeter la faute de l’enlisement de la situation sur les zapatistes, en les qualifiant d’intransigeants.

Dans un communiqué du 30 avril, l’EZLN rejette la réforme votée par le Congrès et interrompt tout contact avec le gouvernement fédéral jusqu’à l’accomplissement des trois signaux de paix.

Dernières nouvelles : enlisement de la situation et reprise de l’oppression

Impliquant un changement constitutionnel, la loi votée au Congreso à Mexico devait ensuite être ratifiée par la majorité des Parlements des États fédérés. C’est maintenant chose faite : 17 des 32 États ont voté pour cette loi, qui a été publiée au Journal officiel le 14 août 2001. Tous les États à forte population indienne (Oaxaca, Chiapas, Guerrero...) ont rejeté la loi.

Quant à la situation au Chiapas, après une relative trêve pendant la durée de la marche, on assiste depuis le vote de la loi au Congreso à une recrudescence de plaintes émanant des communautés autonomes. La région a été entièrement remilitarisée et « reparamilitarisée » comme aux pires moments du conflit.

D’après un centre de droits de l’homme basé à San Cristóbal, « le contexte est loin d’être rassurant. On s’attend non seulement à une violente offensive médiatique contre les zapatistes et le mouvement indien, mais à des provocations et agressions directes. Rappelons qu’il reste onze prisonniers zapatistes qui n’ont toujours pas été libérés, pas plus que les militants indiens écologistes du Guerrero, Montiel et Cabrera, ni les Loxicha, ni tant d’autres dirigeants indiens en prison pour leurs luttes et leurs idées. Les paramilitaires, qui ont perdu le soutien du gouvernement local du Chiapas, mais pas celui de leurs alliés de l’armée mexicaine, ni du PRI et des caciques locaux, viennent d’obtenir deux succès graves : la libération de cinq des dirigeants historiques de »Paz y Justicia« , pour »erreurs" de procédure, et l’assassinat de sang-froid, dans une embuscade, de huit paysans (non zapatistes mais pas moins assassinés) de Venustiano Carranza, dans la plus stricte impunité.

Il y a donc un risque réel de retour à la situation de 1997-2000, pas de paix, pas de dialogue, résistance zapatiste, guerre de division et d’épuisement du gouvernement, appuyé sur l’armée, le blocus économique et les paramilitaires, et, désormais, sa « légitimité démocratique », contre le mouvement indien".

Voilà un bref aperçu de ce qui se passe dans cette région si belle et si magique qu’est le Chiapas. Je voudrais faire part de mes impressions personnelles, à savoir la gentillesse et la générosité avec laquelle j’ai été accueillie par les gens dans les communautés. Ce sont bien ceux qui possèdent le moins qui partagent le plus.

La première communauté dans laquelle m’a envoyée le Centre de droits de l’homme Fray Bartolomé de las Casas, Tzajalchen, est une communauté tzotzil d’Abejas, située dans les Altos. Tous sont des proches de victimes du massacre d’Acteal. La communauté accueille une quinzaine de familles déplacées de Tzanembolom et Canolal, qui sont arrivées en 1997. À Tzajalchen, très peu de femmes parlent espagnol, et toutes sans exception portent le costume traditionnel : le huipil (blouse brodée à la main, extrêmement colorée), et le tzec (tube de toile bleue tissée à la main, que les femmes attachent à l’aide d’une large ceinture). Les hommes et la plupart des enfants parlent espagnol.

La seconde communauté dans laquelle j’ai été envoyée est Emiliano Zapata, village situé dans la cañada de las Tazas, fondé il y a trois ans environ, sur les terres d’une finca. La plupart des gens y parlent espagnol, car beaucoup ont travaillé et vécu dans la finca. C’est une communauté tzeltal, qui accueille quelques réfugiés tzotzils de la région d’Acteal.

J’ai été impressionnée par la détermination des zapatistes, prêts à lutter et résister jusqu’au bout « parce qu’ils n’ont rien à perdre ».

Impressionnée par leur courage, quand ils refusent l’aide empoisonné du mal gobierno, alors qu’ils ont parfois à peine de quoi se nourrir.
Impressionnée enfin par leur patience... infinie.

Chronologie (d’après Le Monde)
1994

1er janvier. L’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) prend les armes contre le pouvoir, le jour de l’entrée en vigueur, entre le Mexique, les États-Unis et le Canada de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Le mouvement, qui réclame l’amélioration des droits et des conditions de vie des Indiens, occupe plusieurs localités, dont la ville de San Cristóbal de Las Casas.

12 janvier. Pour éviter un massacre et l’opprobre international, le président Carlos Salinas ordonne un cessez-le-feu. Les zapatistes cessent également les combats.

Du 11 février au 2 mars. « Dialogue de la cathédrale » : négociations entre les zapatistes et une commission de médiation dirigée par l’évêque de San Cristóbal, Mgr Samuel Ruiz.

12 juin. L’EZLN rejette les propositions du gouvernement et rompt le dialogue.

1995

17 janvier. Le président Ernesto Zedillo, élu en août 1994 et investi en décembre, ordonne le retrait de l’armée de deux zones de conflit au Chiapas et annonce une réforme électorale. Les zapatistes s’engagent à un cessez-le-feu d’une durée indéterminée.

9 février. L’armée pénètre dans les zones d’influence de la guérilla. Le président Zedillo révèle que Marcos serait Rafael Sebastián Guillén Vicente, un mandat d’arrêt est lancé contre lui.

22 avril. Nouvelle ronde de négociations entre les guérilleros et les autorités dans le village de San Andrés.

27 août. Plus de un million de Mexicains participent à une consultation organisée par l’EZLN et tolérée par les autorités. Le « oui » l’a emporté avec plus de 92 % sur les questions portant sur la légitimité des revendications zapatistes (droit à la terre, au travail, à la santé, à l’éducation, démocratie, liberté, justice, etc.). Une majorité de participants invite les zapatistes à se transformer en force politique.

1996

16 février. Accords de San Andrés sur les droits et la culture des Indiens.

Du 27 juillet au 3 août. 3 000 personnes venues de 42 pays participent à la Rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néolibéralisme, organisée par l’EZLN dans plusieurs villages du Chiapas.

1er septembre. L’EZLN rompt les discussions, affirmant que le gouvernement du président Ernesto Zedillo n’a pas mis en pratique les accords de San Andrés, en ce qui concerne les aménagements constitutionnels devant reconnaître les droits des Indiens. Des discussions se poursuivent entre les zapatistes et la COCOPA.

Novembre. La COCOPA présente un projet de loi en faveur des communautés indiennes que les zapatistes acceptent mais que le gouvernement rejette.

1997

11 janvier. L’EZLN rompt les discussions avec la COCOPA.

22 décembre. Un commando de paramilitaires, lié au Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir) massacre quarante-cinq Indiens à Acteal. Cette tuerie provoque une vive émotion dans le monde entier.

2000

1er juillet. Entrée en vigueur des accords commerciaux entre l’Union européenne et le Mexique.

2 juillet. Vicente Fox, du Parti d’action nationale (PAN, conservateur), remporte l’élection présidentielle et met fin à 71 ans de règne ininterrompu du PRI.

20 août. Soutenu par une coalition gauche-droite, Pablo Salazar enlève au PRI le poste de gouverneur du Chiapas.

1er décembre. Vicente Fox prend ses fonctions de président. Il ordonne un retrait partiel (tout à fait partiel) de l’armée des zones d’influence zapatiste.

2 décembre. Marcos pose trois conditions à la reprise du dialogue avec les autorités. Il annonce qu’une délégation de l’EZLN se rendra à Mexico.

5 décembre. Vicente Fox dépose au Parlement, pour approbation, le texte de loi élaboré par la COCOPA.

22 décembre. Le président ordonne la fermeture d’un camp militaire au Chiapas.

30 décembre. Le gouvernement commence à libérer des prisonniers zapatistes.

2001

Du 24 février au 11 mars. Marche sur Mexico.

28 mars. Une délégation de l’EZLN entre au Parlement. La commandante Esther prononce un superbe discours.

25 avril. Le Sénat vote la loi de réforme constitutionnelle sur la culture et les droits indigènes.

30 avril. L’EZLN refuse officiellement la loi votée par le Parlement et rompt de nouveau le dialogue avec le gouvernement.

14 août. Publication de la loi au Journal officiel.

Pour plus d’informations...

À Paris, le CSPCL (Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte) : réunion tous les mercredis, à partir de 20 h 30, au 33, rue des Vignoles (75020).

Sur Internet également, vous trouverez les dernières nouvelles sur le site Koman Ilel, sur le site Enlace Zapatista et sur le quotidien La Jornada.

Quelques livres...

☀ Élisabeth Stutz, Irma, femme du Chiapas, entre révolte zapatiste et vie quotidienne, collection l’Esprit frappeur. Excellent petit livre très court et pas cher du tout (1,5 €).

☀ Guiomar Rovira, Mujeres de maïs, Biblioteca Era, 1997, México DF. Compilation de témoignages de femmes du Chiapas ; traduction française : Femmes de maïs, suivi de Compañeras sur le chemin de l’autonomie par Mariana Mora (prologue d’Iñaki García). Rue des Cascades, « Les livres de la jungle », 2014.

☀ Rigoberta Menchú, Moi, Rigoberta Menchú, Folio, 1983. Témoignage du prix Nobel de la paix : la guerre civile au Guatemala, les conditions de vie dans les communautés, les fincas... Indispensable.

☀ Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, Pocket « Terre humaine ». L’histoire du pillage de l’Amérique latine.

☀ Sous-commandant Marcos, Yvon Le Bot, Le Rêve zapatiste, Le Seuil, 1997, Paris.

☀ Rosario Castellanos, Balún Canán, Fondo de Cultura Economica, Mexico, 1957.

☀ Traven, La Révolte des pendus, La Découverte poche.

☀ Et bien sûr, toute la prose du sous-commandant Marcos.

¡Democracia !
¡Libertad !
¡Justicia !

Merci aux habitants de Tzajalchen, Emiliano Zapata, La Unión, Pancho Villa et San Miguel Gomez pour leur accueil.

Paris, juin 2001,
Emiliana

Notes

[1Ejido : communauté agraire issue de la révolution mexicaine en faveur des petits paysans. Les terres sont propriété de l’État, affectées en usufruit à une collectivité.

[2Yvon Le Bot, sous-commandant Marcos, Le Rêve zapatiste, p. 17.

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