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Au peuple pima

dimanche 20 novembre 2005, par SCI Marcos

Le 20 novembre 2005.

Aux indigènes et aux autorités traditionnelles du peuple autochtone pima,
État du Sonora, Mexique.

De : sous-commandant insurgé Marcos.
Armée zapatiste de libération nationale,
Chiapas, Mexique.

Chers compañeros et chères compañeras,

Les hommes, les femmes, les enfants et les anciens de l’Armée zapatiste de libération nationale vous saluent.

Nous vous écrivons pour vous dire que c’est avec plaisir que nous acceptons votre invitation à la Commission Sexta de l’EZLN pour qu’elle se rende dans une de vos communautés pour discuter avec vous et écouter votre pensée, en tant qu’indigènes que nous sommes tous.

Il y a longtemps que nous voulions faire directement connaissance avec nos frères indigènes du nord-ouest du Mexique et tout savoir de leur histoire de lutte, de résistance et de dignité. Comme vous le savez fort bien, nous autres, en tant que peuples indiens, nous continuons à batailler pour que l’on nous reconnaisse le droit à un lieu digne et juste dans notre pays, le Mexique. Aujourd’hui, tous occupés à leurs campagnes électorales, les hommes politiques voient les peuples indiens uniquement comme des bêtes qu’ils voudraient faire rentrer dans l’enclos de leurs partis politiques, en leur faisant de belles promesses. Mais ce n’est que pour mieux nous sacrifier, après, une fois au gouvernement, en échange de richesses qui iront engraisser leur porte-monnaie. Pour les mauvais gouvernements, les indigènes ne sont que du bétail destiné à l’abattoir capitaliste.

Nombreux sont les Mexicains et les Mexicaines qui sont fatigués de voir se répéter encore et toujours cette farce et ces mensonges, sans que jamais rien de bon ne parvienne à ceux d’en bas. C’est pour cette raison que nous nous sommes organisés dans ce que nous appelons « l’Autre Campagne », où il s’agit d’aller écouter les gens qui sont dans la mouise, comme nous, mais qui, comme nous aussi, ne restent pas les bras croisés et luttent pour instaurer la justice, la liberté et la démocratie.

Ici, dans cette « Autre Campagne », se trouvent réunis beaucoup d’hommes, de femmes, d’enfants et d’anciens de tout notre cher Mexique et nous nous sommes déjà mis d’accord pour lutter ensemble, tous, pour le bien de tous. Dans « l’Autre Campagne », il y a des gens de toutes les couleurs, mais toutes viennent d’en bas et agissent déjà contre le capitalisme et leur pensée est de gauche.

Cette « Autre Campagne » signifie beaucoup de choses et beaucoup de travail. Une de ces choses est de voyager dans tout le Mexique pour prendre note des luttes de notre peuple et des exigences de notre peuple qui n’ont pas été entendues par les mauvais gouvernements.

Nous pensons que de cette manière nous pourrons rassembler toutes les pensées de lutte et ainsi élaborer un Plan national de lutte qui contienne l’histoire et les décisions de tous les hommes et de toutes les femmes qui veulent la liberté pour les exploités du Mexique. Avec ça, nous pourrons proposer une nouvelle façon d’organiser la société mexicaine, avec de nouveaux accords sur la vie qui respectent l’exigence de démocratie, de liberté et de justice de tous et qui fasse respecter les demandes particulières des peuples indigènes du Mexique.

Au cours de la première partie du voyage des zapatistes, c’est à moi, le Sup Marcos, qu’il reviendra de rendre visite aux compañeros et aux compañeras qui ont adhéré à « l’Autre Campagne » dans tous les États de la République mexicaine, du mois de janvier au mois de juin de l’année prochaine.

Alors, nous vous annonçons que nous serons dans l’État du Sonora la semaine du 5 au 11 juin 2006. C’est pourquoi nous vous demandons de nous indiquer quel serait le meilleur jour pour vous rencontrer, et dans quel endroit, pour que nous puissions nous mettre d’accord avec les compañeros de « l’Autre Campagne » au Sonora, et dresser un bon plan pour être auprès de vous.

Nous, les zapatistes de l’EZLN, nous n’avons pas besoin de grand-chose pendant notre séjour. Il suffira d’une petite pièce où se reposer un peu (et pouvoir changer de passe-montagne, parce qu’il commencera sûrement à sentir mauvais, avec tous ces voyages), un endroit où se laver et des toilettes ou une petite butte pour faire ses besoins. Mais s’il n’y a pas possibilité d’avoir une petite pièce, ne vous inquiétez pas, nous emporterons une toile plastique et nous nous ferons un abri n’importe où. Nous mangerons ce qu’il vous plaira de nous donner. Il faudrait peut-être un endroit où pouvoir se réunir, mais, si ce n’est pas possible, n’importe quel endroit fera l’affaire, l’important c’est que nous puissions écouter votre parole et que nous en prenions note pour l’apporter partout dans le Mexique d’en bas, car c’est de cela qu’il s’agit avec cette « Autre Campagne ».

J’espère donc avoir l’honneur de pouvoir vous saluer en personne, tous et toutes autant que vous êtes.

Voilà. Salut, et que résonne bien fort la parole digne des indigènes du Nord-Ouest mexicain.

Des montagnes du Sud-Est mexicain,
sous-commandant insurgé Marcos,
Mexique, novembre 2005.

Traduit par Angel Caído.

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