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Débat “scientifique” sur fond de guerre de “basse intensité”

Appel à propos du colloque “Chiapas et Guatemala : conflit et reconstruction sociale” à Toulouse

mai 2000

Le gouvernement mexicain mène contre les rebelles zapatistes une sale guerre, une guerre de « basse intensité » qui consiste à briser l’esprit de résistance des communautés, à casser les solidarités nouées dans les luttes contre les politiques néolibérales et à isoler les zapatistes, une guerre visant à délégitimer la révolte pour légitimer la résignation et la domination.

Il y a dans cette sorte de guerre moderne un aspect idéologique. Cette politique « contre-insurrectionnelle » trouve des relais dans les milieux intellectuels. À l’Université de Toulouse Le Mirail se prépare actuellement un colloque intitulé « Chiapas et Guatemala : conflit et reconstruction sociale » qui s’inscrit directement dans cette logique. Certains des organisateurs et participants du colloque qui doit avoir lieu du 24 au 26 mai 2000, sont engagés depuis longtemps au côté du gouvernement mexicain contre les communautés indiennes zapatistes au Chiapas.

Par exemple :

- Carmen Legorreta, membre du comité organisateur, intervenant sur « Conflit, reconstruction régionale et développement dans les régions indigènes du Chiapas ». Sociologue et ex-conseillère de l’ARIC officielle (avec René Gomez, autre participant du colloque), elle publie en 1998 Religion, politique et guérilla dans les vallées de la forêt Lacandone dont voici un extrait (p. 25) : « Après le soulèvement armé, la violence et l’opposition systématique au gouvernement prônées par l’EZLN et le diocèse de San Cristobal sont devenues les principaux obstacles au développement pour les indigènes des cañadas (vallées de la forêt Lacandone). D’autre part, la rapide évolution dès le premiers jours du conflit armé au Chiapas vers une solution politique s’explique par l’étonnante et significative capacité de médiation de l’État mexicain. C’est cette capacité qui évita la guerre civile et contraint la direction du mouvement armé à réagir par un discours en faveur de la démocratie, en se présentant comme porte-parole de la société civile et en se revendiquant comme mouvement indigène. »

- Eraclio Zepeda, écrivain. Mais c’est sans doute en sa qualité de secrétaire du gouvernement du Chiapas, charge équivalente à celle du ministre de l’Intérieur (de l’État) qu’il est invité pour parler de « Gouvernabilité et conflit au Chiapas. La difficile reconstruction d’une société fracturée ». Le bilan de son mandat du 8 décembre 1994 au début avril 1997 : 56 opérations policières d’expulsion de terres provoquant 111 morts, plus de 160 blessés, 830 détenus et un millier de déplacés.

- Carlos Tello Diaz est auteur de La Rébellion des Cañadas et doit parler de « La rébellion zapatiste. D’où vient-elle et où va-t-elle ? ». À propos de son livre l’écrivain Carlos Montemayor explique : « Cette belle ordonnance de témoignages révélateurs ressemble plus à de la délation qu’à de la recherche historique... Il me semble que, plutôt que des témoignages recueillis par un chercheur d’histoire immédiate, cela s’apparente à de la trahison... Et je suis surpris par la rapidité de publication, parce que le paysan ou indien ne donne pas si spontanément à un inconnu une information de ce calibre » (hebdomadaire Proceso n° 1977, juillet 1995, p. 6).

L’historien André Aubry à propos du livre : « Tello part d’une base de données que je suppose être celle de l’armée, parce que ce que l’armée a laissé filtrer dans la presse correspond tout à fait à ce qu’écrit Tello sans aucun recul ni tentative de preuve » (Proceso n° 1977, juillet 1995, p. 8).

- René Gomez dont la contribution s’intitule « Limites et possibilités de la démocratie sociale au Chiapas. Un bilan de 25 ans d’expérience », est militant politique, animateur avec Carmen Legorreta d’un mouvement de coopérative paysanne (ARIC officielle), devenu depuis le soulèvement zapatiste le bénéficiaire de la manne d’argent qui a déferlé et déferle au Chiapas dans l’intention de l’utiliser comme une des bases de la politique de contre-insurrection.

L’Université qui se veut un lieu d’étude, de recherche et de débat critiques, doit-elle s’employer à banaliser le mépris des cultures indigènes et paysannes de lutte et se faire complice de la guerre « de basse intensité » ?

Le Collectif de solidarité Chiapas-Mexique-Toulouse appelle à la mobilisation pour empêcher la tenue du colloque.

Une permanence d’informations se tiendra à partir du 22 mai au local de l’AGET SE (derrière l’amphi 6).

Nous contacter les mercredis soir à partir de 20 h 30 au Clandé (9, rue de Queven) ou contacter les syndicats étudiants !

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