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Paroles du sous-commandant insurgé Marcos, délégué Zéro,
lors de l’assemblée plénière de la région des Altos de Chiapas

lundi 2 janvier 2006, par SCI Marcos

San Cristóbal de Las Casas, Chiapas.
Le 2 janvier 2006.

(Transcription d’un enregistrement en sténo)

Bonsoir. Je dis ça juste pour secouer les gens de la presse qui s’étaient déjà entassés ici. Compañeros et compañeras des Sextas coletas [1]. J’ai dû apprendre à le dire au pluriel parce que sinon les gens se fâchaient si je disais seulement La Sexta.

Ils prétendent que j’uniformise tout, et s’il y a bien une chose à laquelle on s’est refusé de ce côté-ci du pouvoir, c’est à être homogène. Nous avons plus ou moins suivi ce que vous nous avez permis de saisir de vos réunions à travers les comptes rendus que vous nous avez envoyés et à travers quelques discussions sur comment va l’Autre Campagne dans les Altos, et en particulier à San Cristóbal de Las Casas, avec Untel ou Unetelle que nous avons croisé sur un sentier ou dans un village. Nous connaissons beaucoup d’entre vous depuis 1994, vous nous avez accompagnés, d’une manière ou d’une autre, tout au long des douze dernières années. Il y a trois ans, quand nous étions en train de débattre ce qui trois ans plus tard allait être la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, nous avons fait les comptes, fait des additions et des soustractions. Ce que nous imaginions qu’il allait se passer, c’est que beaucoup de ceux qui sont ici aujourd’hui, contrairement à il y a douze ans où vous étiez des sympathisants et où vous trouviez plutôt bien la lutte menée par l’Armée zapatiste de libération nationale et ses demandes, mais où beaucoup n’étaient pas d’accord avec sa manière de lutter, ne seraient plus là, mais maintenant nous sommes ensemble comme des compañeros. Nous pensions que nous avions tant insisté, d’une façon ou une autre, pendant douze ans, sur les droits et la culture indigènes, que dès l’instant où l’EZLN ferait un pas de plus et définirait clairement qu’il fallait nous unir à un mouvement national anticapitaliste et de gauche pour obtenir la reconnaissance de nos droits, certains d’entre vous allaient se sentir exclus, déçus, ou, du coup, que nous allions les mettre dehors à coups de pied au derrière.

Fort heureusement, je pense que le processus que nous avons subi - qui a véritablement été une souffrance, comme le disait une compañera d’Amérique centrale -, en dépit par exemple du fait que les caméras et les micros se focalisent sur ma personne en ce moment même, en réalité ne nous a jamais fait perdre de vue que nous sommes ce que nous sommes grâce aux communautés qui nous ont donné la vie et qui furent nos maîtres au long de ces douze ans et de ces vingt ans... vingt et un an déjà, depuis que je suis arrivé dans ces montagnes. Au cours de ces douze ans, notre discours et notre action ont été à ce point marqués par les droits des peuples indiens que nous avons pensé qu’un tel changement ne serait pas compréhensible, d’emblée. Nous constatons avec plaisir que ce processus que nous avons subi, beaucoup d’entre vous l’ont subi aussi, et que d’une façon ou d’une autre nous avons tous compris que nous ne pouvons résoudre nos problèmes de groupe ou de secteur séparément. Un grand étendard des exclus a été hissé au grand jour en 1994, bien que beaucoup d’entre vous l’aient dressé longtemps avant 1994, avec les revendications des lesbiennes, des homosexuels, des femmes, d’autres groupes victimes de ségrégation ou exclus, mais il allait bien y avoir un moment où nous allions comprendre que l’ennemi est un système. Comme le dit Elias Contreras, l’ennemi est la scène du crime : c’est ce système politique et ce système social dans lequel nous vivons.

Fort heureusement, nous en sommes arrivés en 2005 et à cette alerte rouge qui vous a tellement inquiétés... Nous aussi, nous étions inquiets, mais nous ne l’avons pas dit. Nous avons un prestige à maintenir. Bref, nous allions nous rencontrer dans les réunions préparatoires qui devaient avoir lieu dans la forêt Lacandone et revoir les visages que nous avions connus en 1994, en 1995 et au cours de toutes les aventures dans lesquelles nous nous sommes lancés. Fort heureusement, à part les visages connus... Mais non, le temps passe. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Moi, j’ai changé de cagoule. Vous, je ne sais pas, mais sur la photo vous semblez tout flous. De nouveaux visages jeunes font leur apparition, des visages qui étaient ceux d’enfants quand nous avons pris les armes, comme le disait hier Zebedeo, ou qui n’étaient pas encore nés, comme mon homonyme qui est par-là. Homonyme.

Le problème que nous voyons quant à nous est qu’il faut absolument que l’Autre Campagne soit réellement assumée par ses membres comme leur campagne, comme un travail de leur organisation, de leur groupe, de leur collectivité ou une tâche personnelle, dans le cas d’individus ou d’individues. D’une façon ou d’une autre le poids retombe sur les épaules de qui convoque : sur l’Armée zapatiste de libération nationale, dans ce cas. Mais nous devons réellement prendre en main cette campagne et lui faire prendre forme et lui donner petit à petit les caractéristiques, non de l’EZLN, ce qui serait une façon de l’uniformiser, pas non plus seulement d’un des groupes ou de tendances de lutte des femmes, des homosexuels, des lesbiennes ou des peuples indiens, pour n’en citer que quelques-unes. La même chose vaut pour les organisations politiques. Je crois que le nouveau mouvement qui nous a interpellés est défini pour l’essentiel dans la Sixième Déclaration. Nous, les zapatistes, nous pensons que des définitions supplémentaires ne feraient qu’exclure et rétrécir l’horizon de l’Autre Campagne. Nous pensons que chacun, groupe ou personne, a trouvé sa place au sein de la Sexta et de l’Autre Campagne. Fondamentalement, il a été répondu à la question que nous disions que les gens allaient se poser - « Est-ce qu’il y a une place pour moi ? » Nous pensons cependant que pour le bien de l’Autre Campagne il est bon que tout le monde s’exprime sur tout. Cela va nous faire aller plus lentement, beaucoup plus lentement. Presque comme de la façon dont la marche d’hier a commencé. Dans le noir, sans que personne ne nous prête attention.

Une grande partie des gentes dames et des gentilshommes de la presse ici présents sont venus principalement pour entendre une déclaration contre le PRD. Ils y auront droit plus tard, mais d’abord, nous avons notre travail à effectuer. Nous pensons donc qu’il est bon et nécessaire que l’on débatte toutes les idées concernant les six points fixés lors de la plénière, mais qu’il ne faut en aucun cas que vous vous forciez à rechercher un consensus ou que vous essayiez de convaincre. Vous pouvez être certain que le cadre général que propose la Sixième Déclaration accorde une place à votre pensée et qu’elle y sera respectée. C’est une chose très importante à nos yeux car nous pensons qu’il faut éviter à tout prix d’en arriver à voter sur ces six points. Il s’agit simplement de pouvoir dire qu’il y a tant de personnes qui disent oui, tant qui disent non et tant qui ne savent pas, et que cet état de fait sorte tel quel, comme proposition. Parce que si le bilan des Sextas coletas c’est que « la majorité s’est prononcée de telle façon », vous allez exclure des opinions qui pourrait peser dans la balance au niveau national. Ce qui serait injuste : on ne ferait que répéter le schéma de ces maudits sondages qui décident aujourd’hui de la vie démocratique dans ce pays, et on ne prendrait pas en compte certaines opinions... On ne tiendrait donc pas notre parole, car nous avons promis que tout le monde serait pris en compte et que la pensée et la parole de tout le monde auraient leur place dans le cadre commun, anticapitaliste et de gauche, dont les lignes générales sont tracées dans la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone. Alors, nous vous demandons de débattre et de discuter sans éprouver le besoin de convaincre l’assemblée ou jusqu’au dernier des participants que votre point de vue est le bon. Exposez-le en toute liberté, mais exposez-le publiquement, parce que le débat et la discussion politique élargissent notre pensée. Ils ne font pas que nous aider à comprendre d’autres idées que les nôtres, ils nous aident aussi à enrichir et à élargir nos propres positions.

Une chose est donc d’écouter tout le monde, toutes les propositions, et une autre est de savoir qui a gagné et qui a perdu. Si quelqu’un sent que sa position a perdu dans l’Autre Campagne, c’est l’Autre Campagne qui y perd. Du coup, nous allons nous transformer en un parti politique, en une organisation ou dans ce qu’il y a de pire en ce bas monde : en une chambre des députés ou de sénateurs ! Alors, ce que nous vous demandons, c’est de dire : « Bien, cinq cents ont dit que non et moi j’ai dit oui. Et mon “oui” ira s’ajouter à un autre “oui” ailleurs, dans d’autres parties du Mexique. » Et c’est ainsi que se définira progressivement ce qu’est l’Autre Campagne. Nous pensons que sur l’essentiel nous sommes d’accord et qu’il y aura de toute façon quelques différences et quelques nuances ou rajouts sur lesquels un consensus sera trouvé, ou non. Mais il y a forcément des points sur lesquels existent des différences radicales. Là-dessus, je vous demande de ne pas paniquer. Exposez vos idées en toute liberté et, en tant que Sextas coletas mais, dans les lieux de discussion que vous allez ouvrir, garantissez à tout moment que tout le monde pourra prendre la parole et que tout le monde respectera que cette parole puisse être exposée, exactement comme nous l’avons fait, nous, lors de nos réunions préparatoires. Dans ces réunions, a parlé qui voulait et le temps qu’il voulait et, en plus, il a parlé de ce qu’il voulait. Parfois, cela n’avait rien à voir avec l’Autre Campagne ou avec la Sexta. Nous pensons qu’une telle ouverture d’esprit doit être défendue, non seulement pour les participants à l’Autre Campagne mais aussi pour tous ceux avec qui nous voulons parler et construire notre programme national de lutte. Je crois sincèrement - nous croyons, nous, les zapatistes de la Commission Sexta - qu’il est indispensable que les Autres Campagnes, que les Sextas, partout, ouvrent continuellement un espace où les gens puissent se parler et où ils aient toujours la certitude que quelqu’un va les écouter. De la même façon que vous, dans les réunions préparatoires, pour ceux qui ont vécu ce cauchemar, vous avez eu la certitude qu’il y avait un groupe de personnes masquées qui les écoutait, tandis que les autres allaient et venaient, sortaient, allaient aux toilettes, mangeaient, etc. Mais il y avait quelqu’un qui vous écoutait. Le micro ouvert à quiconque et savoir que quelqu’un nous écoute, que « quelqu’un tient compte de nous », voilà quelque chose que les gens ne vont trouver dans aucun parti politique officiel, dans aucune structure du gouvernement, à moins qu’il y ait des élections. Et dans ce dernier cas, on va les écouter, effectivement, ou plus exactement on va entendre ce qui est dit, mais on ne va pas en tenir compte.

Si nous parvenons à construire dans l’Autre Campagne un espace pour la parole, un espace pour écouter la parole des exclus, même s’ils ne participent pas à l’Autre Campagne, nous allons acquérir une autorité morale que personne ne possède dans ce pays. L’autorité morale de celui qui prête généreusement et noblement une oreille attentive aux frères ou aux sœurs de lutte, dans l’attente du jour où (comme nous, nous avons attendu douze ans pour pouvoir le faire) nous pourrons les appeler « compañero, compañera ». Douze ans, ce n’est pas tellement long, quand on pense qu’avant il avait fallu cinq cents ans pour qu’on sache que nous existions. Je ne parle pas de vous. Vous, vous avez déjà fait beaucoup de chemin. Nous vous demandons donc de discuter tranquillement les six points en question, mais de nous faire savoir absolument - parce c’est le boulot qui nous a été demandé - ce que les uns et les autres en pensent. Nous demandons le soutien des Sextas coletas pour effectuer une telle synthèse et pour nous faire parvenir ici les résultats. Pas de nous dire qui a gagné ou qui a perdu, mais quelle est la pensée de chacun, des uns et des autres, sur ces points discutés. Jusqu’à présent, jusqu’au 16 septembre, date limite de cette recension, très peu d’opinions des adhérents nous sont parvenues. À peine dix pour cent des adhérents ont pris position sur les six points demandés lors de la première plénière. Alors, réunissez-vous avec tout le calme nécessaire et exposez vos idées, discutez-en et notez simplement ce que chacun et chacune pensent, puis que les commissions qui se formeront en fassent une synthèse et faites-le-nous parvenir. De cette manière, on ne va pas commencer avec des divisions ou avec qui a gagné et qui a perdu ; avec des « Que c’est dur la reprise après le repas de midi, tu ne trouves pas ? » ; ou des « T’as vu comment il s’est comporté lors de l’assemblé ? » et qui a dit quoi, et des « Mais non, t’as rien pigé ! », etc. Pour finir par nous cogner dessus. Si on commence l’Autre Campagne de cette façon, ça va mal commencer.

Il vaut mieux que tout le monde puisse venir participer et puisse dire : « Ici on t’écoute et on tient compte de toi. Ce n’est pas comme ailleurs, où on te cloue le bec et on te liquide avec le vote à la majorité simple ou absolue, ou on te fout dehors. Ici, on tient compte de toi parce qu’on sait que c’est un tronc commun qui est défini par la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone : anticapitaliste et de gauche. » C’est ça le boulot que nous vous confions en tant que Sexta coleta. Organisez-la... Pardon, Sextas coletas. Organisez-vous pour pouvoir exposer vos points de vue sur les six points et faites-le nous savoir sans nous dire qui a gagné et qui a perdu. Ça, c’est une chose. Un autre problème qui pourrait se poser, c’est qu’il faudrait à tout prix éviter que l’Autre Campagne dans les Altos, en particulier à San Cristóbal de Las Casas, reste contingent de ce que fera ou ne fera pas la Commission Sexta, même si nous vous demandons d’être le centre de l’agitation de l’Autre Campagne et de la Sexta dans les Altos de Chiapas. Ce qui nous préoccupe, en particulier, c’est que l’Autre Campagne à San Cristóbal prenne fin brusquement à Moisés Gandhi, le 9 janvier, quand nous, nous passerons au Yucatán. Il faudrait que tous les participants de La Otra restent motivés et soient conscients de la nécessité de poursuivre les activités auxquelles nous nous sommes engagés en adhérant à la Sexta. Concrètement : à la diffuser et à promouvoir les adhésions.

Nous voudrions aussi vous reprocher fraternellement le fait que, dans vos réunions des Altos - ou des Sextas coletas -, vous ne tenez pas compte des bases de soutien zapatistes pour les activités que vous organisez. Je déteste avoir à le dire mais je vous rappelle que l’EZLN aussi a signé la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone et qu’elle est un de vos compañeros. Sans doute pas le meilleur, mais le plus sympathique. Non, je me trompe. Ce serait la prendre en compte dans les activités. Adressez-vous au conseil de bon gouvernement des Altos, invitez les compañeros à participer et ils viendront avec plaisir. Lors de la fête pour le Jour des morts, nous avons attendu en vain une invitation. Tenez compte de nous dans vos activités. Nous y participerons avec plaisir et nous le ferons du mieux que nous pourrons, comme toujours quand nous faisons quelque chose avec des compañeros.

Et puis, nous vous demandons aussi, comme travail supplémentaire, de maintenir un niveau de discussion politique. Vous parlez déjà entre vous, pas vrai ? Alors allez-y de la discussion politique, mais - j’insiste une fois encore - sans essayer de dégager un consensus, juste pour enrichir le débat, parce que l’Autre Campagne doit devenir à chaque instant un sujet de discussion et de débat, à propos de tout. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui ne seront pas propres à l’Autre Campagne qui vont se construire dans l’activité, pas dans la discussion. Je doute fort que quelqu’un, ici, dans cette réunion ou quand se réuniront toutes les Sextas coletas car j’imagine qu’elles ne sont pas toutes là aujourd’hui, ne voit pas d’un bon œil que l’on s’oppose à la violence contre les femmes ou à l’exclusion des femmes. Si on faisait une déclaration publique en ce sens, on peut être sûr que tout le monde la signerait. Ou alors celui qui ne serait pas d’accord ne va pas allez crier sur les toits qu’il faut user de violence contre les femmes, qu’elles sont inférieures, etc. Mais dans l’activité quotidienne, ça ne va pas être pareil. Parce que sur cette question, au même titre que quand on parle de lesbiennes, d’homosexuels, des peuples indiens et tous les autres exclus, la coutume citoyenne veut qu’au niveau de la parole on puisse affirmer une chose et faire complètement l’inverse, sans même qu’on en éprouve des remords de conscience. Il ne s’agit pas non plus d’aller coller des commissaires politiques pour surveiller si on respecte telle ou telle chose, hein ! Mais il n’empêche, nous pensons qu’il devrait y avoir des activités, des travaux pratiques. Par exemple, dans le cas des compañeras qui bossent sur les droits des femmes et qui insistent encore et encore, à chaque instant, et pas seulement dans les réunions, sur des accords ou un point en commun qui nous unit, par exemple le respect de l’identité de genre, qui doivent être ressassés à tout moment dans la vie quotidienne des adhérents. Parce qu’il y a bien un moment où nous allons tous avoir une sorte de signe distinctif, comme nous avec notre passe-montagne, qui montre que nous faisons partie de La Otra. Et il y en a qui vont dire : « Tiens, celui-là, il est de La Otra, c’est comme ça qu’ils sont, ceux de La Otra. » Mais nous, nous n’allons pas pouvoir aller raconter : « Non, moi, je suis la brebis galeuse de La Otra ; les autres, les bons, ils sont ailleurs. » D’une façon ou d’une autre, nous allons tous devenir la référence de notre mouvement. Et - je suis au regret de le dire - nous n’allons pas pouvoir maintenir longtemps l’imposture. Nous n’allons pas pouvoir continuer longtemps à afficher une opinion dans une assemblée générale, devant les caméras et les micros, et agir d’une autre manière dans la vie quotidienne. D’une façon ou d’une autre, les gens vont finir par s’apercevoir qu’on les écoute mais qu’on leur reproche à tout bout de champ d’être inconséquents.

L’Autre Campagne et ses tournées spectaculaires qui sont... Pardon ! Être inconséquent, c’est un luxe que l’Autre Campagne ne peut pas se permettre, tout comme les tournées spectaculaires, parce que si c’était le cas il y en a effectivement qui payeraient pour les autres. C’est pourquoi je demande aux groupes qui ont un travail en cours, aux individus qui se sentent appelés par des tâches spécifiques, que ce soit sur les droits des femmes, sur les droits des peuples indiens, sur les droits humains ou sur les droits de ceux que nous appelons « les autres affects » ou quoi que ce soit, d’insister continuellement pour faire des activités, avoir des discussions, imaginer des tâches qui ouvrent cet espace, et non seulement pour ceux qui participent à l’Autre Campagne mais aussi pour les gens qui seront à notre avis nos interlocuteurs quand nous allons commencer à construire notre Programme national de lutte. On dirait que je vous file du boulot, mais comme je vois que personne ne prend de notes, je ne m’inquiéterais pas de savoir si vous allez trouver que c’est un abus d’autorité.

Alors, ce que nous voulons vous dire, c’est, premièrement, qu’un travail de l’Autre Campagne partout c’est de garantir aux participants un espace pour la parole et pour l’écoute. À tout moment, on doit défendre le fait que dans cet espace réservé aux adhérents de La Otra la parole de quiconque sera toujours écoutée, que ce qu’une personne a à dire nous plaise ou non, parce que c’est un compañero, pas notre ami. On doit apprendre à faire une telle différence. Nous ne sommes pas ici parce que nous aurions sympathisé les uns avec les autres. Si nous nous étions fixé comme objectif de lancer l’Autre Campagne rien qu’avec les gens que nous aimons bien, je crois que même moi je ne pourrais pas y participer ! Moi-même, je ne m’accepterais pas comme adhérent ! Il faut croire que c’est autre chose, une autre cause, qui nous unit. Et, dans ce cas, le plus beau c’est que cette cause n’est pas définie : nous devons la créer ensemble. Ce n’est plus ce que dit l’EZLN, pas plus que ce que vous dites, vous, mais ce que tous les gens qui forment l’Autre Campagne vont décider. Nous allons construire cette cause. Nous allons donner couleur à cet étendard. Nous allons lui donner des visages si nous avons envie de lui donner des visages. Ou non. Mais au bout du compte, quand les années auront passé, quand l’Autre Campagne aura un visage et une parole bien définie, tous les participants vont pouvoir dire qu’ils ont trouvé un point commun qui les unissait aux autres. Voilà ce que nous devons faire, et d’abord avec nos compañeros. C’est pour cette raison que notre priorité dans cette première étape est de parler avec les compañeros et d’éviter d’autres manifestations, à moins que nous ayons fini de parler avec eux, auquel cas nous pourrons envisager de faire autre chose.

Si je ne me trompe pas, nous avons déjà pu écouter tous les adhérents à La Otra de San Cristóbal et des Altos. Certains lors des réunions préparatoires, d’autres lors des réunions plénières et d’autres encore ici. D’autres vont sans doute nous rejoindre ou l’ont déjà fait mais n’ont pas pu venir. Ou alors ils ne se décident pas à venir s’exprimer sur l’estrade, s’imaginant que dans la salle on va les huer ou que l’on va les critiquer et les censurer. Nous devons réussir à faire que les gens qui viennent s’exprimer ne sentent pas qu’ils vont passer en jugement, mais qu’ils sentent au contraire que ce qu’ils vont dire va être écouté. Après, l’autre engagement que nous avons pris en adhérant à la Sexta, c’est de la diffuser et de promouvoir les adhésions. C’est notre devoir, en tant que membres d’un mouvement, d’expliquer à toujours plus de monde de quoi il retourne et de les inviter à nous rejoindre. Nous pensons qu’il est indispensable d’organiser des rassemblements publics, mais pas dans le style de la vieille politique avec des meetings où ne s’expriment que certaines personnes, tandis que les autres applaudissent ou font un sort aux amuse-gueules. En fonction de ce qui incombe à chacun. C’est important de faire quelque chose pour que pendant cette période l’Autre Campagne tranche vraiment sur les campagnes électorales. Je ne doute pas une seconde de votre enthousiasme, de votre ingéniosité et de votre créativité pour faire quelque chose comme ce que vous avez organisé pour le Jour des morts. Je pense que vous saurez parfaitement organiser des rassemblements pleins d’imagination auquel participent activement les gens et que vous saurez faire vivre l’Autre Campagne pour les gens qui n’y ont pas encore adhéré. Une Autre Campagne, un espace où les femmes sentent qu’elles ont leur place, où les homosexuels sentent qu’ils ont leur place, où les lesbiennes sentent qu’elles ont leur place, où les peuples indiens sentent qu’ils ont leur place, où les enfants, les jeunes, les vieux, les intellectuels et les artistes sentent qu’ils ont leur place et où tout le monde ait sa place, de sorte que les gens qui n’y ont pas adhéré puissent se dire que c’est un lieu où ils peuvent trouver leur place, sans avoir à craindre que l’on vienne leur bourrer le crâne et où on ne court pas le risque de faire suer ceux qui écoutent.

Alors, ce que nous vous demandons maintenant, et avec cela nous en aurons terminé avec l’écoute de la parole de tout le monde, c’est de continuer, sans compromettre vos réunions de discussion politique et de débat, à trouver des formes concrètes de travail où l’on respecte à tout moment l’indépendance et l’autonomie des groupes, des organisations et des personnes. Pour que chacun puisse faire sa propre campagne au sein de La Otra, mais puisse aussi collaborer avec les autres dans des activités et des travaux. Alors, réfléchissez-y tranquillement, mais faites-le, ne laissez pas cette question pendue au porte-manteau... C’est censé être nous les « pendus », c’est pour ça qu’on parle de « la rébellion des pendus [2] » Mais pas vous. Ça fait quatre mois que vous discutez de toute cette affaire. Vous avez déjà commencé à la définir, à l’orienter, à vous positionner en ce qui concerne les six points, à dire que vous, vous pensez de cette manière, d’une Autre façon. Personne ne va tirer la gueule, sauf nous, mais avec la cagoule ça ne se verra pas. Alors, faites-le sans crainte. Dites clairement que vous pensez de telle manière, que vous trouvez que c’est comme ça ou autrement, qu’il vaudrait mieux retirer ceci, qu’il faudrait ajouter cela ou que ça devrait rester tel quel. Pour que nous puissions déjà avoir une idée de ce que pense la majorité et pouvoir dire que l’Autre Campagne existe déjà en elle-même. C’est un des points à régler.

Alors, nous vous demandons de prévoir et d’organiser une grande journée pour le 4 janvier. C’est une proposition pleine d’arrière-pensées parce que c’est le jour où je vais être là, non ? Ça pourrait très bien se faire un autre jour mais je pense que si l’Autre Campagne commence, elle aussi, d’une Autre manière, avec tout le monde, pas comme hier - même si elle a commencé véritablement aujourd’hui, pas hier -, avec quelque chose qui soit différent et où on commence d’emblée à échanger les différences entre tous les adhérents, entre tous les compañeros et les compañeras de tout le Mexique, avec les non-adhérents aussi, pour montrer qu’il s’agit bel et bien de faire quelque chose d’autre, d’une autre manière, ce serait une excellente façon de montrer ce que va être l’Autre Campagne. Ce que nous vous demandons, en fait, c’est d’organiser une sorte de foire, de festival, je ne sais pas bien comment le dire, où puissent avoir lieu toutes les activités et coexister tous les groupes qui participent à l’Autre Campagne et auxquels nous pensons nous adresser. Pour que n’importe quel indigène passant par San Cristóbal y trouve une activité par laquelle il se sente interpellé. Pour que n’importe quelle femme, qu’elle soit ou non indigène et quelle que soit la couche sociale à laquelle elle appartient, y trouve un espace par lequel elle se sente interpellée. Pareil pour les homosexuels, les lesbiennes, les intellectuels, les artistes, etc. Que tout le monde puisse dire : « Ah ! Ici il y a quelque chose pour moi. » De façon à ce que nous fassions à l’intérieur ce que nous voulons faire à l’extérieur.

Je pense que de cette manière, en tant qu’Autre Campagne, nous parviendrons à acquérir une autorité morale qui nous permettra de toucher plus de gens et de pouvoir leur dire et leur montrer dans les faits que nous, nous allons les écouter et que, nous, nous allons prendre en compte leur parole. Voilà ce que nous vous demandons maintenant, en profitant de ce que vous êtes inattentifs et affamés. Nous vous demandons de faire tout ce boulot. De maintenir votre niveau de discussion mais de commencer à le matérialiser dans des groupes de travail. Je sais bien que quand on crée des commissions apparaissent immédiatement les jalousies et les rivalités. « Pourquoi il y est lui, et pas moi ? » Et ça dégénère vite en poulailler. Mais je pense que d’une façon ou d’une autre il est possible de trouver une manière de le faire, à partir du moment où aucune organisation ou groupe ne se sent lié totalement à une structure mais sent au contraire qu’il peut s’appuyer sur elle et être épaulé par une telle structure. Même si quelqu’un en arrive à dire qu’il veut faire autre chose mais que la commission ne l’approuve pas, ce n’est pas grave. En effet, cette personne ou ce groupe peut être sûr de pouvoir le faire parce que La Otra garantit un espace où on puisse le faire. Mais inversement, si un groupe veut organiser une activité et qu’une commission peut l’aider à le faire, je ne vois pas ce qui empêcherait de créer cette commission. Nous n’avons pas à construire une culture qui hiérarchise les groupes de travail.

Je pense que si on prend le soin de bien insister là-dessus au cours des discussions, si on définit clairement le travail de ces commissions, il n’y a pas de raisons qu’elles acquièrent un caractère hiérarchique ou de pouvoir discrétionnaire. Et dans l’éventualité où quelqu’un aurait des tendances autoritaires, tous les groupes et toutes les personnes jouissent du privilège de pouvoir faire ce qui leur plaît au sein de l’Autre Campagne, nous connaissons les limites qui ont été fixées.

Un autre point est donc que tous les adhérents à l’Autre Campagne, dans les Altos, ou au moins ceux d’ici à San Cristóbal, débattent et s’expriment sur les six points de la première plénière. Enfin, troisièmement, s’il était possible d’organiser pour le 4 janvier, le jour où nous reviendrons de Palenque, une série d’activités ou une grande activité en plein de parties pour la promotion, la diffusion et l’adhésion à la Sixième Déclaration. D’une manière qui fasse que tout le monde se sente concerné et puisse avoir des explications et demander ; de manière à ce qu’il y ait quelqu’un qui explique et qui réponde aux questions ; de manière à ce qu’il y ait quelqu’un qui soit là pour écouter et que quiconque puisse se dire que la seule chose qu’il aurait à perdre en adhérant à l’Autre Campagne, c’est le temps passé dans les sessions plénières. Il ne faut pas non plus qu’on s’imagine que l’on va y gagner quelque chose, hein ! À part la satisfaction de participer à construire quelque chose avec d’autres, sans qu’il y ait quelqu’un qui nous demande d’adhérer à quelque chose d’autre de déjà construit.

Pour finir, nous voulons aussi vous demander, maintenant que vous êtes éméchés, de ne pas vous arrêter, de prévoir quelque chose pour après le 9 janvier : et si possible qu’il y ait toujours quelque chose en train pendant les six mois que nous allons passer à parcourir le pays, qu’il y ait toujours quelque chose qui maintienne la flamme de l’Autre Campagne dans les Altos de Chiapas. Et que l’on n’entende pas seulement parler de San Cristóbal de Las Casas quand le président du conseil municipal fait main basse sur des terres. (Je sais, il ne le fait plus parce qu’il n’y a plus de terres à voler... Ou alors il en reste ? Oui, il en reste une !) Ou alors parce qu’il y a eu une marche ou quelque chose dans le genre. Non, ce serait bien que les gens des autres États puissent savoir où s’adresser pour trouver des renseignements et connaître les activités et, surtout, puissent savoir les idées qui sont discutées ailleurs. Il y a déjà un site Internet. Emparez-vous-en. Faites-y votre « section coleta » ou le nom que vous voudrez lui donner. Et bourrez-là d’informations, de blagues, de rumeurs et de vos querelles, qui sont rigolotes... (inaudible) Oui, comme la rubrique comique du journal. Je ne sais pas pourquoi je parle de ça maintenant. C’est pour captiver l’attention du public, il n’y aucune allusion personnelle.

Bien. Voilà tout ce que nous voulions vous demander. Les compañeros de la revue Rebeldía proposent un atelier sur la Sixième Déclaration où l’on explique ses principaux objectifs, avec des images et des dessins, et tout et tout. Je pense donc que les compas qui ont la même manière d’expliquer les choses, et qui réussissent parfois à ce que ce soit compris, pourraient organiser quelque chose ou une série d’actions ou des groupes de discussion, où on explique ce qu’est la Sexta, ce qu’est l’Autre Campagne et les caractéristiques qu’elles possèdent. Si ce qui est fait se transforme en tout moment en un centre d’agitation politique, ce que doit être finalement chacun des noyaux de l’Autre Campagne, nous allons donner à ce mouvement les caractéristiques que possédaient les mouvements d’il y a longtemps. Ils ne faisaient pas que lutter pour faire aboutir leurs revendications, la discussion y était très riche et les gens très combatifs. En ce moment, nous avons les gens qui sont très combatifs. Il ne manque plus que la discussion soit très riche. Et nous pensons que c’est quelque chose que vous, vous pouvez faire. Vous avez fait des choses plus difficiles. Nous sommes bien placés pour en parler, nous l’avons vu quand nous n’étions pas connus et que vous vous êtes rangés de notre côté, alors que les balles sifflaient encore et que les bombes continuaient de tomber. Maintenant que c’est votre mouvement, notre mouvement avec vous, raison de plus pour mettre le paquet.

Au bout du compte, il y avait trois boulots que nous voulions vous demander mais maintenant il y en a quatre. Un, garantir au sein de l’Autre Campagne un lieu où tout le monde puisse s’exprimer et discuter (ou le maintenir, parce que d’après ce que nous pouvons voir, il existe déjà). Deux, faire en sorte que vous vous prononciez sur les six points de la plénière. Trois, organiser une grande manifestation ou un festival ou une journée spéciale le 4 janvier. Et quatre, qu’il y ait plus d’activités organisées, que l’on fasse des réunions où l’on ne discute plus seulement de ce que nous sommes, d’où nous venons et d’où nous allons, mais aussi de ce que nous allons faire maintenant. Nous vous rappelons que nous vous demandons aussi au sein de ces travaux de (inaudible) et commissions que, j’ai le regret de le dire, ce n’est pas la dernière fois que nous venons ici. Et qu’après le cirque des élections de juillet, en septembre nous allons retourner partout où nous sommes allés et que cette fois nous ne nous attarderons pas quelques jours seulement, mais pendant des mois. Et qu’il s’agit donc de nous mettre d’accord avec vous pour aller parler avec les femmes qui n’ont pas adhéré, pour aller élaborer le contenu du programme national de lutte en matière de dimension du genre. Pour aller parler avec les enfants, avec les homosexuels, avec les lesbiennes et avec les peuples indiens. Là, il va y avoir du boulot sur le terrain, comme on dit. Il est donc nécessaire que les Sextas coletas organisent ces travaux, parce que cette fois je ne viendrais pas tout seul. D’autres compañeros et compañeras vont venir pour cette tâche spécifique. Ils iront dès maintenant voir avec vous où cela aura lieu, où on discutera et on écoutera et prendra des notes pour construire, véritablement d’en bas, pour une fois, notre programme national de lutte. Nous vous demandons donc aussi de commencer à y penser.

Pour finir, ce serait bien qu’il y ait un mécanisme qui permette le contact direct entre vous et nous, c’est-à-dire avec la Commission Sexta. C’est le chaos cette histoire d’envoyer le courrier d’un côté et après de l’autre, mais aussi que si quelqu’un commence à demander pourquoi à Untel et pas à lui, tout le monde va vite finir par dire que c’est comme ça, un point c’est tout. Il vaudrait donc mieux choisir tous ensemble et d’un commun accord quelqu’un que personne ne haïsse. Y a-t-il quelqu’un qui n’est haï de personne ? Non ? Moi, je me propose comme agent de liaison avec la Commission Sexta. Non pas parce que je ferais l’unanimité ! Je ne sais pas, moi. Trouvez un moyen pour que nous puissions désigner Untel ou Unetelle. Ça pourrait même être une commission de mille personnes mais il y a bien un moment où il faut remettre le courrier à quelqu’un en particulier et aussi le recevoir de quelqu’un. Vous pouvez faire une rotation entre groupes, collectifs, individus, mais assurez-vous qu’il y a toujours une manière de communiquer. Et surtout que cette forme de communication ne répercute pas sur... comment dit-on en psychologie... sur le complexe ?... Ah, oui ! Sur l’ego de la personne en question. Que l’on n’aille pas s’imaginer que ça y est, nous privilégions quelqu’un, que la personne est désignée, qu’elle a le téléphone rouge, que c’est elle qui marque les objectifs, etc. etc. Ne répétons pas les erreurs du passé... (rires) Oui, ce qui s’est déjà fait ailleurs. Alors, si c’est bien clair et si on monte ça en toute transparence, je ne vois pas pourquoi il y aurait des grincements de dents sur cette question. Une autre option, après tout, ce serait de désigner au contraire quelqu’un unanimement détesté. On le désigne et après on peut le vider, on peut décharger sa hargne contre lui, hein !

Bien, compañeros et compañeras, c’est ce que nous avons à dire. Nous voulons vous demander maintenant de déclarer ouvert le tour de chacun, à savoir ceux qui ont déjà parlé et ceux (inaudible) à qui c’est le tour, et nous vous demandons de vous concentrer là-dessus. S’il y a moyen de concrétiser ça, je pourrais... Oui, j’ai la photo parce que c’est moi qui dois en informer. Non. C’est pour ça que j’ai pris la photo pour montrer que j’étais bien ici, que l’on n’aille pas dire (inaudible). Euh... Pouvoir leur dire : « Alors voilà, avec ces compañeros nous avons déjà fait ça. On peut déjà commencer ces boulots-là, il y en a d’autres en préparation. » Et pouvoir prévenir les compañeros de se mettre en contact avec les conseils de bon gouvernement et d’être à l’écoute pour le cas où on les inviterait à des activités et pouvoir y participer.

J’ai dépassé mes trois minutes de temps de parole ?

Traduction : Ángel Caído.

Notes

[1Sextas coletas : les comités et réunions de l’Autre Campagne à San Cristóbal de Las Casas, sachant que coleto est le nom donné familièrement aux habitants de cette ville, à cause de la queue de cheval qu’arboraient beaucoup des habitants, à la façon des hidalgos.

[2La Révolte des pendus, titre d’un des principaux romans de l’écrivain anarchiste B. Traven sur la condition des paysans indiens au Chiapas (note de “la voie du jaguar”).

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