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Relancer la campagne Liberté et Justice pour Atenco et maintenir un pont avec les prisonniers et prisonnières

mardi 16 septembre 2008, par EZLN, SCI Marcos

Armée zapatiste de libération nationale.
Commission Sexta de l’EZLN.
Mexique.

Le 11 septembre 2008.

Aux compañeras, compañeros et « compañeroas » adhérents à la Sixième Déclaration, à l’Autre Campagne et à la Zezta internationale,

Aux personnes qui se sentiront visées, visés et viséeux,

« Compas »,

Qu’est-ce que vous dites de ce terme, « compañeroa » ? Nous, ici, nous trouvons qu’en l’adoptant on pourrait résoudre le problème qui se pose avec l’« arrobase », autrement dit le signe @, et dépasser un peu la question ; parce que, comme le disait feu Elías Contreras, « il se résulte » que... euh... Je crois que je commence d’une manière un peu embrouillée. Bon, je recommence :

Compas,

Avant tout, veuillez recevoir les salutations zapatistes. Aujourd’hui, nous vous écrivons à toutes, à tous et à « toutoutes » pour causer un tant soit peu de la pensée qui nous occupe (autrement dit, de ce que nous faisons) en tant que « compas », camarades de lutte que nous sommes.

Il ne s’agit pas d’une seule pensée, mais de plusieurs. Enfin, si, c’est une seule pensée, mais elle en contient beaucoup d’autres, autrement dit c’est une pensée complexe. Autrement dit, en pleine ébullition, embrouillée. C’est en en parlant et en l’écrivant et en en causant avec vous qu’elle s’adapte et qu’elle retombe sur ses pattes. Alors, en premier lieu nous pensons qu’il est bon de commencer par le commencement.

Et le commencement, ce sont nos compañeras et compañeros injustement emprisonné-e-s depuis le début du mois de mai 2006, suite à la répression sauvage déclenchée contre les habitants de San Salvador Atenco. Certains et certaines ont déjà été relâchés, mais d’autres restent encore injustement incarcéré-e-s, notamment le compañero Ignacio del Valle, membre du Front communal pour la défense de la terre (FPDT). Nous le nommons, lui, non par oubli ou parce que nous négligerions les autres, mais parce que son cas illustre parfaitement l’injustice faite loi et institution qui règne dans ce Mexique agonisant.

Bien. Vous savez tous et toutes plus ou moins ce qui s’est passé (à Atenco), aussi voulons-nous plutôt parler de ce que nous pouvons et allons faire, nous les zapatistes, ainsi que les autres compas qui ne sont pas zapatistes mais qui sont membres comme nous de l’Autre Campagne, autrement dit nos compañeras, nos compañeros et nos « compañeroas ».

Aussitôt après que nos compañeras et compañeros de l’Autre Campagne et du Front communal pour la défense de la terre ont été pris-e-s en otage par le gouvernement fédéral (tenu, à l’époque comme aujourd’hui, par le PAN, le Parti d’action nationale) et par le gouvernement de l’État de Mexico (aux mains du PRI), et injustement emprisonné-e-s, un petit groupe de femmes et d’hommes appartenant à l’Autre Campagne avait organisé un piquet permanent devant la centrale de Santiaguito.

Avec persévérance et sans gloire, ce piquet a tenu bon depuis, d’abord devant la prison de Santiaguito, puis, quand nos prisonniers et nos prisonnières y ont été transférés, devant la centrale de Molino de las Flores (lui aussi situé dans l’État de Mexico). Ce qu’exige ce piquet, c’est la même chose que ce qu’exigent tous ceux et toutes celles qui adhèrent à l’Autre Campagne : la liberté et la justice pour Atenco.

Mais pas seulement. Au long des plus de deux ans qui se sont écoulés, et dans des conditions adverses, ce piquet a également fait savoir à nos compas prisonniers et prisonnières ainsi qu’à leurs familles qu’ils n’étaient pas et ne sont pas seul-e-s, et que nous n’oublions pas.

Au cours de ces plus de deux ans, des dizaines de compas prisonniers et prisonnières ont été libérés. Dans notre façon de concevoir les choses, cela s’est fait grâce aux mobilisations organisées dans tout le Mexique et dans le monde, grâce aux efforts engagés des personnes qui assuraient leur défense légale et grâce à la ténacité de ce petit groupe de compañeras et de compañeros qui, jour et nuit, sans que cela leur fasse mériter l’attention des moyens de communication (mais par contre, ça oui, celle de la police fédérale, de la police de l’État de Mexico et des polices municipales, qui n’ont pas cessé de les harceler et de les menacer), ont continué d’exiger la liberté et la justice pour Atenco.

Au cours de ces plus de deux ans, il est vrai que certains et certaines se sont retirés ou ont espacé leur participation à ce piquet, mais un noyau est cependant resté constant ; c’est lui qui fait savoir à tout moment à nos prisonniers et à nos prisonnières que notre mouvement ne les abandonne pas et qu’il ne les laissera pas seul-e-s.

Comme tout le monde le sait, il y a quelques semaines, cette farce tragicomique qu’est la justice légale mexicaine a infligé une nouvelle peine révoltante à nos compañeras et compañeros emprisonnés à Molino de las Flores dans la prison de haute sécurité de La Palma (Almoloya), dans ce même État de Mexico, ajoutant ainsi un moellon supplémentaire à la lourde chape d’injustices qui pèse sur nos compañeras et compañeros.

L’EZLN a aussitôt pris contact avec les compañeras et compañeros qui poursuivent fermement leur piquet, avec certains groupes, collectifs et organisations adhérents à la Sixième Déclaration, ainsi qu’avec certain-e-s de ceux et de celles qui avaient été incarcéré-e-s. Nous avions et avons un double objectif : relancer la campagne nationale et internationale exigeant liberté et justice pour Atenco, et maintenir un pont permanent avec nos compas prisonniers et prisonnières afin qu’ils sachent et sentent qu’il y a ici des gens qui n’oublient pas.

Il s’agissait à ce moment-là non pas d’effectuer une ou plusieurs actions aussi fugaces que les quelques lignes que bien peu de gens ont daigné consacrer à cette injustice, mais de quelque chose de plus durable, constant et efficace.

Entre autres choses, et suite à ces contacts et aux consultations effectuées, divers individu-e-s, groupes, collectifs et organisations, membres comme nous de l’Autre Campagne, sont convenus de renforcer, en quantité et en qualité, le piquet de Molino de las Flores, et d’en faire un lieu de rencontre de l’Autre Campagne, mais aussi d’appeler, au niveau national et international, à relancer la campagne demandant la libération de nos prisonniers et de nos prisonnières.

Nous sommes donc convenus ensemble d’effectuer une rotation des participants au piquet, de promouvoir l’organisation et la participation à des activités politico-culturelles sur place et de renouveler les contacts qui avaient pu être pris, au Mexique et dans le monde, afin de coordonner de nouvelles activités pour exiger la justice.

Un calendrier de participation et d’activités a donc été convenu, en accord avec le Réseau national contre la répression et pour la solidarité (se composant essentiellement d’individu-e-s, de groupes, de collectifs et d’organisations membres de l’Autre Campagne), avec l’Union nationale d’organisations populaires de gauche indépendante (UNOPII), avec l’Unité ouvrière et socialiste (UNIOS), avec certains groupes libertaires, ainsi qu’avec des compañeras et des compañeros qui ont apporté leur soutien à la Commission Sexta de l’EZLN dans l’Autre Campagne, calendrier et activités qui débuteront le 16 septembre 2008, date qui marque le troisième anniversaire du début de notre mouvement.

C’est pour cela que nous vous écrivons. Pour vous inviter à participer au piquet de Molino de las Flores et à participer aux activités qui y seront organisées, et pour inviter les groupes, les collectifs, les organisations et les unités de travail locales, régionales et par État de l’Autre Campagne à proposer et à réaliser des actions pour exiger liberté et justice pour Atenco.

« compañeroas », compañeras et compañeros,

Avec ce petit effort, nous vous invitons à dire avec nous tous et avec nous toutes, à rappeler à tout le monde, à nous rappeler à nous, que nous n’oublions pas... que nous n’oublions ni nos prisonniers et prisonnières, ni ceux qui leur ont infligé une telle injustice.

C’est tout, compañeros, compañeras et « compañeroas ». Sous peu, à l’occasion du Troisième Anniversaire de l’Autre Campagne (autrement dit, le 16 septembre), nous vous informerons de l’appel à une autre activité qui vous intéressera peut-être.

Bien. Salut, et que ce qui est autre réaffirme son existence.

Liberté et justice pour Atenco !

Des montagnes du Sud-Est mexicain,
sous-commandant insurgé Marcos.
Mexique, septembre 2008.

Traduit par Ángel Caído.

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