Istanbul, samedi 15 juin 2013.
La lutte qui a éclaté le 31 mai pour lutter contre la rénovation urbaine néolibérale — et en particulier la démolition d’un parc dans le centre d’Istanbul — a dépassé ses objectifs initiaux, et s’est transformée en un véritable soulèvement contre un régime démocratiquement élu quoique autoritaire. Bien qu’elle ait commencé dans le parc Gezi, voisin de la place centrale d’Istanbul, la place Taksim, le soulèvement s’est propagé rapidement à travers la ville et à l’ensemble du pays.
Inflexibles dans leur détermination à rester dans les rues, des foules immenses se sont également rassemblées jour après jour à Ankara et Izmir ainsi que dans d’autres villes plus petites. Trois manifestants ont trouvé la mort et quatre autres sont actuellement dans un état critique. À cela s’ajoute plus de six mille blessés, dont dix qui ont perdu les yeux. Le soulèvement a dominé le discours national depuis plus de deux semaines que le pays a vécu la révolte populaire urbaine la plus importante et la plus longue qu’il ait jamais vue. Il est maintenant considéré comme un éveil politique capital pour toute une génération. (...)