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Mexique

Déclaration de la rencontre de peuples en résistance
à Santiago Xanica, Oaxaca

lundi 15 avril 2013, par CAMA, Codedi, OIDHO

Les 6 et 7 avril de l’année en cours, dans le municipio de Santiago Xanica, Miahuatlán, Oaxaca, à l’occasion de la Première Rencontre de peuples en résistance convoquée par les autorités agraires et municipales et les organisations Comité pour la défense des droits indigènes (Codedi), Organisations indiennes pour les droits humains à Oaxaca (Oidho), Union paysanne indigène d’Oaxaca Emiliano Zapata (UCIO-EZ), Collectif autonome magoniste (CAMA), Alliance magoniste zapatiste (AMZ), plus de mille cinq cents personnes se sont réunies, venant de trente communautés indigènes, paysannes, étudiantes ou de quartier, ainsi que de collectifs solidaires internationaux de France, d’Italie, d’Allemagne, de Suisse, de l’État espagnol. Les axes de travail suivant y ont été développés :

1. mégaprojets ;
2. terre et territoire ;
3. organisation, lutte et résistance.

Avec dix grandes tables de travail, comptant sur la participation de communautés des régions Sierra Sur Chatina, Sierra Sur Zapoteca, Costa, Mixteca et Valles Centrales, la situation des peuples d’Oaxaca, dans le contexte national et international d’un monde globalisé, a été analysée pour en arriver aux conclusions et accords suivants.

1. Les mégaprojets, tels que mines, éoliennes, barrages hydroélectriques, grands projets touristiques, la surexploitation de nos eaux par les entreprises, les grandes routes et l’exploitation massive de nos bois ne bénéficient en rien à nos peuples et régions. Au contraire, ils servent les grands intérêts des entreprises transnationales et des différents gouvernements (fédéral, des États, municipaux et agraires) qui leur sont liés, pour saccager les richesses naturelles des peuples. La conséquence en est la destruction de notre environnement, la division de nos communautés, l’attaque contre notre identité culturelle et de fait le viol de nos droits fondamentaux. Tous les présents sont donc d’accord pour ne permettre l’entrée d’aucun mégaprojet dans nos territoires.

2. Défendre nos territoires, qui englobent nos terres, eaux, bois, airs, nos communautés mêmes et leurs coutumes, ainsi que toutes les richesses naturelles et minérales qui s’y trouvent, est notre décision, et elle est sans appel. Dans ce but, nous nous sommes mis d’accord pour surveiller nos autorités agraires et municipales afin qu’elles ne signent pas de contrats corrompus avec les entreprises et/ou gouvernements impulsant quelque plan d’exploitation et de saccage de nos richesses que ce soit. En contrepoint, nous ferons l’effort de concrétiser nos projets alternatifs de production agricole en harmonie avec la nature, nous rejetterons fermement et l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture et l’introduction de maïs transgénique dans nos régions. Nous exigeons que cesse la surexploitation de nos eaux et le rejet des eaux usées non traitées dans nos fleuves et mers ; nous défendrons que la propriété sociale de la terre doit être communale ou ejidale.

3. Nous nous engageons à fortifier nos communautés et organisations, résistant contre toute tentative de division de la part des partis politiques et contre l’achat-vente de consciences, parce que nous avons besoin d’unir nos forces pour affronter les grands intérêts qui nous menacent. Nous donnerons suite à ces rencontres, impulsant assemblées, ateliers d’information au niveau de la communauté ou de l’État, au niveau national ou international, tissant solidarité et alliances avec les luttes et résistances d’autres peuples du pays et du monde.

Reprenant le grand savoir de nos ancêtres qui ont su résister contre les impositions et expulsions de l’ennemi pendant des siècles, nous n’abandonnerons pas la construction de cette grande unité des peuples et organisations pour la défense de nos territoires et manières de vivre, les droits de nous tous et les générations futures.

Cette première rencontre des peuples en résistance se prononce en outre pour :

- l’arrêt des persécutions des activistes du mouvement contre les éoliennes de l’isthme de Tehuantepec ;
- l’arrêt de la criminalisation des lutteurs sociaux qui défendent territoires et ressources naturelles ;
- la liberté inconditionnelle pour les compagnons David Venegas Reyes et Feliciano Efrén Hernández Pablo ;
- la liberté pour tous les prisonniers politiques ;
- l’arrêt immédiat de la pollution par les eaux usées des fleuves et côtes d’Oaxaca ;
- le refus des programmes Procede et Fanar dans nos communautés ;
- la solidarité avec les mouvements de lutte européens contre les mégaprojets, du TAV, dans le nord de l’Italie, et de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en France ;
- le refus des réformes néolibérales de privatisation de l’éducation, et celles de l’énergie et du travail.

Pour la défense de nos territoires, nous résisterons unis
et jamais nous ne reculerons !

Santiago Xanica, Miahuatlán,
Oaxaca, le 7 avril 2013.

Source :
zad.nadir.org
Source du texte d’origine :
Colectivo Autónomo Magonista

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