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(septième et dernière partie)

Ni le Centre ni la Périphérie VII. Sentir le rouge

Le calendrier et la géographie de la guerre

jeudi 15 mai 2008, par SCI Marcos

Participation du sous-commandant insurgé Marcos
à la conférence collective donnée l’après-midi du 16 décembre 2007
dans le cadre du Premier Colloque international in memoriam André Aubry.

« La différence entre ce qui est irrémédiable et ce qui est nécessaire,
c’est que, dans le premier cas, il est inutile de se préparer,
tandis que seule la préparation rend possible le second. »

Don Durito de la Lacandona

Auparavant, dans le cadre de ce colloque mais aussi avant cela, nous avons signalé le caractère belliciste du capitalisme.

Nous aimerions ajouter aujourd’hui que la guerre n’est pas uniquement une manière pour le capitalisme de s’imposer et de s’implanter dans la périphérie - bien qu’elle soit la principale, cela dit.

C’est aussi un commerce en soi. Une manière de faire des profits.

Paradoxalement, la paix rend plus difficile de faire des affaires. Je dis « paradoxalement » parce que l’on suppose que le capital a besoin de la paix et de la tranquillité pour se développer. Cela a peut-être été vrai par le passé, je n’en sais rien, mais ce que l’on voit aujourd’hui, c’est qu’il a besoin de la guerre.

C’est pourquoi la paix est anticapitaliste.

On parle relativement peu de cela, du moins au Mexique, mais le poids économique de l’industrie de l’armement et de ses gigantesques profits (obtenus chaque fois que le prétendument agonisant pouvoir nord-américain décide de « sauver » le monde démocratique d’une menace intégriste... qui n’est pas la sienne, évidemment) est très loin d’être négligeable.

Sur le plan de la théorie, comme l’a fait remarquer Jean Robert - et très judicieusement, à notre sens - il y a quelques heures à peine, il est nécessaire de remettre en question le « terrain » sur lesquels s’appuie un raisonnement scientifique. Aussi pensons-nous que le concept de « guerre » tel qu’il est employé dans les analyses antisystème peut nous aider à stabiliser des terrains encore mouvants.

Il ne s’agit cependant pas seulement d’une question purement théorique. Robert Fisk, d’une part, et Naomi Klein, de l’autre, ont énormément contribué à ôter le voile qui masquait le théâtre des opérations de guerre en Irak. Sans travailler assis devant leur bureau ou devant un écran qui gérait les informations issues des grands monopoles médiatiques, mais en se rendant personnellement sur place, ils sont parvenus aux mêmes conclusions.

Grosso modo, ils nous disent : « Elle est bien bonne ! On n’est pas en train de libérer l’Irak de la tyrannie de Sadam Hussein, on fait purement et simplement des affaires. Et jusqu’à l’échec apparent de l’invasion, qui est aussi un négoce. »

Je voudrais vous recommander un livre, que j’ai apporté avec moi. Il s’agit de La Stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, de Naomi Klein. C’est un de ces livres qui valent d’être tenus en main. Qui plus est, c’est un livre dangereux. Le danger de ce livre réside en ceci que l’on comprend ce qu’il dit !

En écrivant ces quelques lignes, j’imagine que Naomi Klein a déjà exposé l’essentiel de sa pensée, j’essaierai donc de ne pas répéter ce qu’elle dit. Je tiens uniquement à faire remarquer qu’elle y traite d’aspects du fonctionnement du capitalisme qui sont négligés ou ignorés par plus d’un théoricien et d’un analyste de gauche dans le monde.

Don Pablo González Casanova est un autre de ces penseurs qui ont contribué à débroussailler les vieilles et les nouvelles réalités du capitalisme, au Mexique et dans le monde, ainsi qu’un exemple d’un regard qui fait preuve de générosité dans le don de son temps et de respect dans l’analyse de notre trajectoire en tant que zapatistes.

Nous avons là deux représentants de deux générations différentes d’analystes du système capitaliste, sérieux, sérieuses, brillants et possédant en outre une qualité que l’on a tendance à oublier dans les milieux théoriques et intellectuels : ils sont pédagogues, c’est-à-dire qu’ils se font comprendre.

Don Pablo González Casanova est un homme sage. C’est le seul intellectuel avec qui j’ai vu les compañeros et les compañeras parler en toute confiance. Moi qui vit depuis plus d’une vingtaine d’années avec nos peuples, je sais combien il est difficile d’avoir leur confiance.

Nous voudrions offrir à Naomi Klein et à don Pablo cette poupée zapatiste avec un escargot. Pour nos peuples, l’escargot est la manière d’appeler au collectif, à la collectivité. Quand les hommes sont à la milpa et les femmes à leurs travaux, l’escargot les appelle à se réunir en assemblée et c’est là qu’ils se font collectif. C’est ce qui fait que nous le nommons « l’appeleur de nous autres ».

Que don Pablo reçoive notre admiration et notre respect collectifs, ainsi que personnel. En ce qui me concerne, j’ai coutume de dire que quand je serai grand, je veux être comme don Pablo González Casanova. Je dois également ajouter que c’est l’une des personnes qui provoque aisément une rechute chauvine et qui nous fait dire que c’est un honneur d’être mexicain.

Don Pablo, je vous fais cadeau de ce livre de Naomi Klein. Il contient des éléments nouveaux permettant de comprendre les nouvelles orientations que suit le capitalisme. Je vous le donne parce que j’en ai un autre exemplaire.

*

J’aimerais profiter de cette occasion pour vous faire part de quelque chose.

C’est la dernière fois, du moins avant longtemps, que nous participons à des activités de ce genre. Je veux parler de ce colloque et de rencontres, de tables rondes et de conférences, et bien entendu d’interviews.

Certaines des personnes qui ont modéré ces conférences collectives m’ont présenté comme le porte-parole de l’EZLN et ce matin je lisais que quelqu’un se réfère à moi en parlant de porte-parole mais aussi d’« idéologue » du zapatisme. Mince alors ! « Idéologue. » Au fait, ça fait mal ce truc ?

Soyons clairs. L’EZLN est une armée. Très différente, très autre, en effet, mais c’est une armée.

Or en dehors de la partie que vous voulez voir du Sup (je veux dire, en dehors de mes belles jambes), en tant que porte-parole, « idéologue » ou ce que vous voudrez, je crois que vous êtes en âge de savoir que le Sup est en outre le chef militaire de l’EZLN.

Cela faisait quelque temps que ce n’était pas le cas, mais aujourd’hui nos communautés, nos compañeras et nos compañeros sont attaqués.

Cela s’était déjà produit auparavant, certes.

Ce qui est nouveau, c’est que pour la première fois depuis cette aube de janvier 1994, la réponse sociale, au Mexique et à l’étranger, a été insignifiante ou inexistante.

C’est la première fois que ces attaques émanent directement et sans s’en cacher de gouvernements censés être de gauche ou qui se maintiennent en place avec le soutien visible de la gauche institutionnelle.

Dans le journal d’aujourd’hui, on peut lire que le personnage qui incarne à merveille les finqueros, les grands propriétaires chiapanèques, Constantino Kanter, vient d’être nommé dans le cabinet PRD de Juan Sabines et qu’il occupera un poste gouvernemental qui permettra aux groupes paramilitaires d’être financés en toute tranquillité.

C’est aussi la première fois que nous avons trouvé porte close, et fermée à double tour, les lieux où les gens pouvaient facilement se rendre compte de ce qu’il advenait de notre mouvement, ainsi que de nos réflexions et de nos appels.

Ce n’est pas tout.

Il y a plusieurs mois, à l’occasion d’une de ces tables rondes auxquelles nous avons participé à Mexico, une personne qui a rejoint les rangs de ces modernes « chemises brunes » du lopézobradorisme (et dont les cadres moyens sont des crétins et des pisse-copies de l’envergure de Jaime Avilés, du journal La Jornada) a interpellé les zapatistes (étaient présents la commandante Miriam, le commandant Zebedeo et moi) pour nous demander, sur un ton pédant et inquisiteur, grosso modo, pourquoi nous ne laissions pas « les gens progressistes de ce pays avancer dans la démocratisation du Mexique ». Tel quel. Nous venions de décrire une série de faits qui donnait les raisons de notre éloignement du PRD et du lopézobradorisme, série de faits que la dame bien vêtue en question n’avait pas écoutée.

Aux arguments que nous avions exposés, les cinq ou six personnes envoyées par le PRD ont répondu, d’abord par des mensonges (comme quoi Andrés Manuel López Obrador avait rompu tout lien avec Juan Sabines et autres pantins qui s’étaient alignés sur Felipe Calderón, comme quoi la CND était anticapitaliste et autres sottises de ce genre), puis par leur slogan « Es un honor, estar con Obrador » (C’est un honneur d’être avec Obrador). Par la suite, le commandant Zebedeo m’a demandé ce que nous faisions là et qui étaient ces gens qui n’écoutaient même pas ce qu’on leur disait.

Quelques jours plus tard, Leonel Cota Montaño, le minet (en demandant pardon aux chats) qui est président du Parti de la révolution démocratique, nous a accusés d’avoir provoqué avec nos critiques la défaite électorale (c’est ce qu’il a dit) de López Obrador à la présidentielle de 2006.

Avant cela, pratiquement depuis le démarrage de la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, le lopézobradorisme éclairé avait trouvé grands ouverts les espaces lui permettant de nous attaquer, tandis qu’ils nous étaient progressivement fermés.

On nous a dit de tout, au long de ce calendrier-là. Pour paraphraser Edmundo Valadez, « la merde a été autorisée » et au sein de l’intelligentsia progressiste et de gauche on a pu entendre, voir dessiné ou écrit des choses qui aurait fait honte à la presse la plus réactionnaire de notre pays, mais que la gauche institutionnelle et ses satellites ont célébrées.

Dans la bouche d’un intellectuel de « gauche », cela se traduit, après la fraude électorale de 2006, par : « Celle-là, on ne lui pardonnera pas, à Marcos ! »

Je ne fais que signaler un fait simple et vérifiable. Un fait que nous avions en outre prévu dès avant le 19 juin 2005, date à laquelle nous avons rendu public notre Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, et auquel nous nous étions préparés.

Des incidents ont eu lieu, surtout durant le dernier circuit que nous avons effectué dans le cadre de la Première Rencontre des peuples indiens d’Amérique, réalisé à Vícam, État de Sonora, des incidents qui attirent notre attention et nous alertent.

Nous savons que vous pensez qu’il ne se passe quelque chose que si les médias ou un média particulier vous en informent. Je vous communique que ce n’est pas le cas, et qu’il y a déjà longtemps que beaucoup de choses se passent qui sont étouffées ou ignorées.

Nous comprenons que nos positions ne soient pas reçues avec la même ouverture d’esprit et la même tolérance qu’il y a quelques années.

Nous comprenons que l’on soutienne et promeuve une vision et une position politique que l’on « blinde » pour la rendre impénétrable à toute remise en cause ou position dissidente.

Nous comprenons aussi que pour certains médias nous ne fassions la une que si on nous tue ou si nous mourons de faim. Mais pour l’heure, nous préférons que vous restiez sans vos nouvelles brèves tandis que nous, de notre côté, nous essayons de poursuivre la consolidation de la tentative civile et pacifique de ce qui s’appelle encore l’Autre Campagne, sans oublier de nous préparer à résister, seuls, à la reprise des attaques lancées contre nous, par l’armée, par les diverses polices ou par les paramilitaires.

Qui a fait la guerre sait reconnaître les chemins qui y préparent et en annoncent la venue prochaine.

À l’horizon, les signes de guerre sont très nets.

Comme la peur, la guerre a une odeur.

Et aujourd’hui, on commence déjà à sentir son odeur fétide sur nos terres.

Pour reprendre les termes de Naomi Klein, nous devons nous préparer au choc.

À part ça, au cours des deux dernières années écoulées et pendant lesquelles nous avons été absents, notre production théorique, nos réflexions et nos analyses ont été plus abondantes qu’au cours des douze années précédentes. Le fait que les médias publics habituels n’en aient pas fait mention ne signifie pas qu’elles n’existent pas. Nous avons apporté nos réflexions, au cas où quelqu’un trouverait intéressant de les discuter, de les remettre en question ou de les confronter à ce qui se passe aujourd’hui dans le monde et dans notre pays. Vous y verrez peut-être, en vous penchant sur elles un instant, en guise d’avertissement, ce qui est aujourd’hui la réalité.

Enfin, elles sont là. On comprendra peut-être un peu mieux notre ton tout au long de ce colloque, quelque chose comme « nous vous chargeons de ».

*

Quand les femmes zapatistes et les hommes zapatistes parlent, ils mettent en avant leur cœur rouge qui bat collectivement.

Comprendre ce que nous disons, ce que nous faisons et que nous ferons est impossible si on ne ressent pas notre parole.

Je sais que les sentiments n’ont pas leur place dans la théorie, du moins dans celle qui va trébuchante aujourd’hui.

Qu’il est très difficile de sentir avec la tête et de penser avec le cœur.

Que les masturbations théoriques liées à cette possibilité que nous avons évoquée sont loin d’être négligeables et que les rayons des librairies et des bibliothèques sont truffés de tentatives ratées ou ridicules de faire ce dont je vous parle.

Nous le savons et nous le comprenons.

Nous insistons cependant pour dire que notre manière d’envisager les choses est correcte, ce qui ne l’est pas c’est le lieu où on tente de résoudre cette question.

Parce que pour nous tous et nous toutes, les zapatistes, le problème théorique est un problème pratique.

Il ne s’agit pas de prôner le pragmatisme ou d’en revenir au début de l’empirisme, mais de signaler clairement que les théories non seulement ne doivent pas être séparées de la réalité mais qu’elles doivent aussi chercher dans cette réalité les leviers salvateurs quand on se trouve dans une impasse conceptuelle.

Les théories bien rondes, complètes, achevées ou cohérentes font parfaitement l’affaire pour présenter un concours d’entrée ou pour remporter un prix, mais elles s’effritent habituellement en mille morceaux dès le premier coup de vent de la réalité.

Nous avons écouté ici des lumières et des étincelles qui, nous, les zapatistes, au féminin et au masculin, nous encouragent et nous donnent haleine.

Ce mélange explosif de connaissance faite sentiment avec lequel nous a étonnés et émus John Berger.

Le questionnement lucide et sans concessions de Jean Robert.

L’implacable analyse concrète de Sergio Rodríguez.

La sereine clarté des réflexions de François Houtard.

L’histoire honnête de ce qui est arrivé et qui arrivera à un mouvement, le MST, que non seulement nous respectons, mais que nous admirons, racontée par le compañero Ricardo Gebrim.

La pensée riche et englobante de Jorge Alonso.

L’enthousiaste description de Peter Rosset.

La brillante référence que Gilberto Valdéz a faite aux discussions théoriques qui ont cours aujourd’hui dans la Cuba révolutionnaire.

Les enrichissantes provocations théoriques de Gustavo Esteva.

La noble lucidité de Sylvia Marcos.

Les avancées théorico-analytiques de Carlos Aguirre Rojas.

Les feux de position à longue portée d’Immanuel Wallerstein.

Et, il y a quelques instants à peine, la sagesse fraternelle et camarade de Don Pablo, et l’inquiétant éclairage que fait Naomi Klein du cynisme capitaliste.

Saluons également les compañeras et compañeros qui ont modéré les sessions de ce colloque.

Tous mes respects aux gens qui se sont chargés de la traduction de nos présentations, et mes excuses les plus sincères pour les problèmes qu’ont pu leur occasionner les « modes » du parlé zapatiste de Monsieur Hibou, Décembre, la Magdalena et Elías Contreras.

Il y a cependant quelque chose qu’on ne voit pas mais qui est là, parce qu’on en constate les effets.

Je me réfère aux compañeras et aux compañeros que nous appelons sons et lumières mais aussi et surtout à toutes les jeunes et à tous les jeunes indigènes qui étudient et travaillent ici, au Cideci, avec le docteur Raymundo Sánchez Barraza.

Puisque nous avons parlé du regard, je pense que le moins que nous puissions faire est non seulement de voir leurs efforts (ce sont eux, essentiellement, qui ont rendu possible ce colloque) mais aussi de les voir, elles et eux, en personne.

Merci aussi, et tout particulièrement et chaleureusement, à l’équipe de soutien de la Commission Sexta de l’EZLN. Merci Julio. Merci Roger.

Je sais qu’ils trouveront bizarre que je les remercie, étant donné qu’il reste encore l’hommage de demain à André Aubry et la déclaration-devinette de son doctorat.

Justement, demain vers midi doivent arriver mes chefs au féminin et au masculin du Comité clandestin révolutionnaire indigène de la zone des Altos, accompagnés par des autorités de nos conseils autonomes et des « commissions de travail » du Conseil de bon gouvernement d’Oventik.

Ce sont elles et eux qui auront en charge notre parole et, comme aujourd’hui par ma voix, par leur voix parlera ce tout que nous sommes.

*

Pour conclure nos longues interventions au cours de ce colloque, j’aimerais vous expliquer ce que nous voulions faire remarquer avec l’intitulé d’ensemble que nous leur avons donné : « Ni le Centre ni la Périphérie ».

Nous pensons qu’il ne s’agit pas seulement d’éviter les pièges et notions, théoriques et analytiques dans ce cas, que le centre pose et impose à la périphérie.

Pas plus qu’il ne s’agirait d’inverser le centre gravitationnel et de le situer à la périphérie, pour, de là, « irradier » le centre.

Nous croyons que cette autre théorie, dont quelques lignes générales ont été présentées ici, doit également rompre avec cette logique de centres et de périphéries et s’ancrer dans les réalités qui surgissent, qui émergent, pour ouvrir de nouvelles voies.

Si une rencontre de ce type devait se répéter, je pense que vous serez d’accord avec moi sur le fait que la présence de groupes antisystème tels que le Mouvement des sans-terre du Brésil est particulièrement enrichissante.

Eh bien, je crois que c’est tout.

Ah oui ! Avant que j’oublie : je vous charge de quelque chose !

Merci beaucoup à toutes, à tous.

Sous-commandant insurgé Marcos.
San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique.
Décembre 2007.
Traduit par Ángel Caído.

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